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Habib Touhami: De la responsabilité de la classe dirigeante
Publié dans Leaders le 19 - 11 - 2017

Il existe dans toute société moderne des minorités de femmes et d'hommes occupant des positions leur permettant d'influer sur la vie de leurs concitoyens. C'est le cas des dirigeants politiques, des détenteurs de capital et de grands moyens de production, des hauts fonctionnaires, des chefs de partis politiques et de syndicats professionnels. Il existe aussi des minorités de femmes et d'hommes qui façonnent l'opinion politique de leurs concitoyens et orientent leur choix électoral. C'est le cas des patrons de presse et de médias, des journalistes et des intellectuels. L'ensemble constitue ce qu'on appelle «élite» ou «classe dirigeante» bien qu'il s'agisse en fait de «catégories dirigeantes».
En effet, le concept de classe dirigeante renvoie au concept marxiste de classe ouvrière sous-entendant par là qu'elle forme un tout cohérent et organisé dont les membres sont cimentés par une solidarité sans faille et l'atteinte d'objectifs communs. La réalité est toute différente. Les catégories dirigeantes se dispersent à l'intérieur et s'opposent à l'extérieur. La puissance et le pouvoir sont inégalement répartis entre elles selon l'époque et le type de régime politique. Il fut un temps en Tunisie où seule comptait la catégorie des dirigeants politiques, toutes les autres lui étant plus au moins inféodées. Avec le développement socioéconomique et l'avènement de la démocratie, les autres catégories dirigeantes ont revendiqué leur part de puissance et de pouvoir sans qu'elles puissent peser autant sur la vie des Tunisiens que la catégorie des dirigeants politiques.
Quand un patron du privé prend une décision, seul le petit nombre est impacté (salariés de l'entreprise, clients, fournisseurs, etc.), mais quand un ministre fait de même, c'est la population tout entière qui est susceptible d'être impactée. Quand un patron du privé fait des choix, il le fait à ses risques et périls. Mais quand un ministre fait de même, il le fait avec de l'argent public sans encourir de risque personnel majeur. Dans un cas, la sanction de la mauvaise décision est visiblement actée et sa responsabilité définie ; dans l'autre, il n'y a ni sanction actée, ni responsabilité définie. La déresponsabilisation des dirigeants au pouvoir est devenue si commune que quelques bien-pensants n'hésitent plus à clamer que si erreurs commises par eux il y a, elles ne le sont «qu'à l'insu de leur propre volonté», comme disait un inénarrable cycliste confondu pour dopage. Ce discours d'absolution passe d'autant mieux dans une société comme la nôtre que de haut en bas de l'échelle sociale règnent l'amnésie sélective et une morale à géométrie variable. On crie haro sur tout acte licencieux, mais si l'on en tire un bénéfice personnel ou que sa sanction touche sa famille, son «pays», ses partisans ou ses amis, un voile est vite jeté sur l'acte lui-même et sur son auteur. Certains dirigeants politiques ont fini par s'en rendre compte. Ils en ont conclu, avec quelques raisons, qu'une bonne partie de leurs concitoyens est prête et disposée à leur accorder un pardon fataliste ou, mieux, un pardon complice. Il n'y a rien de plus destructeur pour un pays que de voir ses propres citoyens appeler à l'absolution de leurs dirigeants politiques défaillants.
On aurait souhaité que les choses évoluent après le 14 Janvier 2011, mais rien ne s'est produit. Bien qu'elle ait changé d'époque, de régime et de composition, la catégorie des dirigeants politiques de notre pays n'en a pas moins gardé ses réflexes d'antan. Responsable peut-être, coupable jamais! Pour se disculper sans jamais se repentir, ses anciens membres ont fait valoir l'étroitesse de leur marge de manœuvre dans un régime personnel, corrompu et violent alors que les nouveaux mettent leur échec sur le dos d'un Etat faible, d'une population récalcitrante et d'une situation économique difficile. Entre anciens et nouveaux, les motifs d'entente ont fini par l'emporter sur les motifs de mésentente. Outre ce que l'on vient de souligner et ce qui revient en propre aux réflexes classiques d'appartenance à la même catégorie, la cohabitation entre nouveaux et anciens a été consolidée par l'attachement commun à un mode de gouvernance hautain, fonctionnarisé et attentiste.
Cette présentation de la catégorie des dirigeants politiques de notre pays est-elle excessive ou tendancieuse ? A chacun d'en juger en conscience. Toujours est-il que hormis l'attrait du pouvoir, aucun véritable liant ne l'assemble, aucun projet ne l'unit. Jamais un pays n'a pu vaincre ses difficultés en ayant à sa tête des dirigeants de cette nature. Certes, des individualités estimables ont été appelées au gouvernement, c'est indéniable, mais elles n'ont pas été d'un apport significatif, soit en raison du jeu des institutions, soit en raison de leur méconnaissance des dossiers et des rouages de l'Etat, soit en raison de leur strict alignement à des partis politiques, soit en raison de l'absence d'une vision claire présidant à la constitution de l'équipe gouvernementale à laquelle elles ont apporté leur concours. La politique, dit-on, n'est rien d'autre que l'exercice du pouvoir ou la lutte pour sa conquête. On peut la définir autrement, mais au final les femmes et les hommes qui choisissent d'entrer en politique ne visent qu'à accéder au pouvoir. Cela ne fait pas d'eux nécessairement des monstres froids, des êtres vils ou bien encore des salauds au sens sartrien du mot à condition qu'ils sachent quoi faire du pouvoir et au bénéfice de qui ils l'exercent. Le jugement que l'on formule à leur endroit doit alors porter sur le projet qu'ils proposent, la manière dont ils exercent le pouvoir et les résultats qu'ils obtiennent, jamais sur les intentions qu'ils proclament ou qu'on leur prête. Il se peut que la catégorie des dirigeants politiques de notre pays ne sorte pas grandie si elle doit être jugée ainsi, mais au moins elle le sera équitablement.


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