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Dr Saayda Ben Becher: Une femme d'exception... Une carrière au firmament
Publié dans Leaders le 14 - 11 - 2025

Par Dr Leila Essaddam - Pendant plus de 30 ans, la professeure Saayda Ben Becher s'était dévouée à la tête du service de pédiatrie à l'hôpital d'enfants Béchir-Hamza à Tunis (1992-2024). Elle est décédée le 6 octobre dernier, suscitant une vive émotion et laissant un souvenir impérissable. Toute sa vie durant, Pr Ben Becher s'était consacrée à la pédiatrie, à l'enseignement et à la recherche. Thèse de doctorat en 1978, spécialité en pédiatrie en 1984, assistante hospitalo-universitaire (1993), maître de conférences agrégée (2000), professeure (2000), et cheffe de service (1994): elle n'avait cessé de monter une à une les marches du savoir. Hommage.
Saayda Ben Becher voit le jour en avril 1954. Elle grandit dans une famille fière de ses origines et des valeurs transmises par ses parents: le travail, la rigueur, la droiture et une foi profonde guidée par une vision éclairée de la religion. Son père, Lassâad, grand propriétaire terrien, était profondément ancré dans la ruralité de Ben Béchir, dans le gouvernorat de Jendouba. Attaché à ses racines, mais résolument tourné vers la modernité, il était désireux d'émanciper ses concitoyens tunisiens face aux colons et de les aider à s'unir pour se développer ayant été à la tête de la COCEBLE et la COSEM. Sa mère, Fatma Djellouli, était une citadine enracinée dans l'urbanité tunisoise. Fille du ministre Lahbib Djellouli et nièce du savantissime Cheikh Tahar Ben Achour, elle fut bachelière puis licenciée en sociologie –un parcours rare pour une femme à cette époque- et n'hésita pas un instant, malgré ses attaches citadines, à rejoindre dès 1951, année de son mariage, le petit village de Ben Béchir. C'est donc à l'écart des mondanités et du confort de la capitale que Saayda naît et grandit, bercée par cet environnement empreint de sens des responsabilités et de solides principes moraux.
Une élève précoce entre deux mondes…
Saayda, aînée d'une fratrie de quatre enfants, a passé ses premières années scolaires à l'école primaire du village de Ben Béchir. Une fois son certificat d'études primaires en poche, son parcours a pris un tournant radical. L'absence de collège dans la région l'a contrainte à quitter le cocon familial à seulement dix ans pour intégrer un pensionnat de jeunes filles à Carthage, loin de la quiétude champêtre et familiale de son enfance.
D'entrée, elle fit preuve d'un courage et d'une discipline remarquables, acceptant cet éloignement pendant trois ans. Son séjour au pensionnat prit fin lorsqu'elle fut rejointe par sa sœur cadette, puis par toute la famille qui s'installa à Tunis au quartier de Montfleury. Sans doute soulagée par ce regroupement, Saayda retrouva un équilibre qui lui permet de confirmer son excellence scolaire, d'abord au collège puis au lycée de Montfleury, tous deux proches du nouveau foyer familial.
Photo d'elle enfant
Une scolarité exemplaire…
Sérieuse mais toujours accessible, Saayda avait hérité de son père une rigueur morale alliée à une profonde humanité. Déjà, la jeune fille se montrait sociable et animée par une ardente volonté de réussite. Son objectif était d'intégrer des études supérieures de médecine, un choix qu'elle considérait comme un véritable sacerdoce, tant elle était consciente de l'impact social de cette profession sur le bien-être et la souffrance des plus vulnérables. Ne s'était-elle pas déjà entraînée, enfant, à être le «docteur attitré» des poupées de sa sœur Sélima?
Une fois son baccalauréat en poche, à 17 ans, elle s'orienta donc tout naturellement vers la médecine, devenant la première de sa famille à emprunter cette voie. Mais son exemple ne sera pas isolé puisqu'elle inspirera plus tard les vocations de sa fille Leïla et de sa nièce Sarra.
Avec sa soeur Sélima
La médecine pour vocation, la pédiatrie pour passion…
Après l'année préparatoire passée avec succès à faculté des Sciences du Campus universitaire, elle entama ses études médicales à la faculté de Médecine de Tunis en octobre 1972.
Les stages hospitaliers se faisaient à l'époque dès la première année. C'est ainsi que son premier contact avec les malades eut lieu au service de gastro-entérologie du Dr Béchir Daoud, avant la cardiologie au service du Pr Mongi Ben Cheikh puis la carcinologie auprès du Pr Néjib Mourali.
Elle fit son premier stage d'externat au service du Pr Hassouna Ben Ayed. C'est dans ce service aussi qu'elle fit ses premières gardes hospitalières, notamment auprès de patients sous dialyse péritonéale alors manuelle.
À la faculté de Médecine avec les Drs Héla Bouhejba et Monia Bostangi
Saayda aborda pour la première fois la pédiatrie en tant qu'externe dans le service du Pr Béchir Hamza. Elle fut tout de suite frappée par le « climat » qui y régnait: ambiance familiale mais travail régulier et rigoureux et surtout respect réciproque des différents membres de l'équipe. Le Pr Hamza la marqua profondément par ses qualités humaines et surtout ses qualités de «chef».
En octobre 1977, nouvellement mariée à un jeune chirurgien orthopédiste, Hamza Essaddam, elle entama son internat en pédiatrie. En réalité, c'était le début d'un engagement exclusif, car dès lors, elle ne quittera plus jamais le champ de la pédiatrie.
Son internat se déroule en grande partie dans le service du Pr Hamza, où elle bénéficie de l'enseignement du Pr Moncef Hamza, qui l'initie aux pathologies infantiles courantes, et du Pr agrégé Taoufik Boudhina, dont les grandes visites sont pour elle une source d'enrichissement continu. La Pr Naïma Khrouf, responsable d'une unité de néonatologie, l'initie à cette spécialité émergente. C'est d'ailleurs cette passion pour la néonatologie qui la conduit à consacrer sa thèse, une étude prospective, aux nouveau-nés.
Elle soutient sa thèse en mars 1980, alors enceinte, et obtient la mention ''Très Honorable avec les félicitations du jury''. Admise au concours de résidanat, elle entame, jeune maman, sa spécialisation en octobre 1980.
La pédiatrie au coeur … l'excellence pour moteur
Après un semestre dans le service du Pr Hédi Maherzi, elle retrouve Dr Naïma Khrouf et approfondit sa maîtrise de la néonatologie. Durant les deux années suivantes, elle revient dans le service du Pr Hamza, où elle affine ses compétences auprès des Drs Taoufik Boudhina et Béchir Bennaceur. Elle clôture son cursus en octobre 1984 par un stage en médecine préventive et sociale au centre PMI de Mellassine, dirigé alors par le Pr Hédi Mhenni.
Le 12 novembre 1984, elle réussit brillamment l'examen de spécialité en pédiatrie, qu'elle passe en tête de promotion. Deux semaines plus tard, le 24 novembre 1984, elle est aussi reçue major du concours d'assistanat hospitalo-universitaire dans la même discipline.
Un sens aigu des responsabilités
Dès les premières années de sa carrière, Saayda s'est illustrée par un engagement constant et une capacité remarquable à assumer des responsabilités majeures, tant sur le plan professionnel qu'académique. Elue au Conseil national de l'Ordre de Tunis de 1992 à 1998, aux côtés des présidents Hachemi Ayari puis Abderrahmane Gafsi, elle participa activement à la régulation de la pratique médicale en Tunisie. En parallèle, elle est nommée chef du service de Pédiatrie urgences et consultations (PUC) dès 1992 — d'abord par intérim jusqu'en 1996, puis officiellement jusqu'en 2024 — dirigeant ce service clé avec rigueur et dévouement et un sens profond de l'humain pendant plus de trois décennies.
5ème année de médecine à la FMT. Avec les Drs Habib Haouala, Oueslati, Amor Sâadi et Monia Bostangi
Elle se distingue aussi par son engagement scientifique: dès janvier 1991, elle devient rédactrice en chef adjointe de la Revue maghrébine de pédiatrie, avant d'en prendre la direction en 1996 en tant que rédactrice en chef, contribuant à l'essor de la recherche pédiatrique dans la région. De 2004 à 2011, elle préside la Société tunisienne de pédiatrie, renforçant le rôle de cette institution au niveau national, puis, en 2008, elle accède à la présidence de l'Union des sociétés de pédiatrie du Moyen-Orient et de la Méditerranée (Umemps), affirmant son influence à l'échelle régionale. Sur le plan académique, elle dirige le jury du deuxième cycle des études médicales (DCEM2) à la faculté de Médecine de Tunis de 2005 à 2017, encadrant avec exigence et bienveillance la formation des futurs médecins. Enfin, son expertise est reconnue au niveau international lorsqu'elle est nommée experte auprès de l'Organisation mondiale de la santé entre 2007 et 2011.
Saayda, le cœur de la famille
Derrière la figure de médecin accomplie et d'universitaire respectée, Saayda Ben Becher fut avant tout un pilier familial. Présente, disponible, investie, elle a toujours su concilier les responsabilités d'une vie professionnelle exigeante avec l'attention délicate portée aux siens. Femme de tête et organisatrice hors pair du quotidien familial, elle dirigeait de main de maître son foyer, alliant rigueur et bienveillance. Avec son mari Hamza, qui veillait jalousement à préserver sa liberté et partageait avec elle les mêmes idéaux d'amour du travail, de la famille et des autres, elle formait un couple complice, guidé par des valeurs communes et un profond respect mutuel.
Congrès de la Société tunisienne de pédiatrie. Mars 2024. de G à D : Dr Kamoun, Dr Kebaili, Dr Hachicha, Dr Kmiha,Dr Ben Becher et Dr Essaddam
Son mémorable franc-parler, à la fois franc et bienveillant, faisait d'elle une référence dans toutes les discussions familiales. Son avis, recherché et respecté, faisait autorité sans jamais écraser, tant il était nourri d'expérience, de bon sens et d'une profonde lucidité.
Elle a accompagné avec dévouement la scolarité de ses enfants Leïla et Walid, puis celle de ses petites-filles Nour et Zeineb, mêlant à parts égales exigence et souplesse, encouragement et cadre. Elle savait encourager sans flatter, corriger sans blesser.
Véritable centre névralgique de la famille, elle centralisait, sans jamais s'en plaindre, les demandes et besoins du cercle familial élargi. Petits ou grands tracas, décisions importantes ou simples conseils du quotidien : tout passait par elle, et rien ne lui échappait. Son entregent naturel, sa capacité à mettre chacun à l'aise et son sens du lien ont fait d'elle un ciment familial, respecté et aimé bien au-delà du cercle proche.
Le parcours du Dr Saayda Ben Becher dépasse de loin les contours d'une brillante carrière médicale. Il incarne une vie guidée par l'excellence, le sens du devoir et l'humanité. Femme de conviction et d'action, elle a su conjuguer exigence, engagement et transmission avec une constance admirable. Son professionnalisme rigoureux n'a jamais éclipsé sa chaleur humaine, son écoute bienveillante ni cette touche d'humour discret qui faisait d'elle une figure à la fois respectée et profondément aimée. Le pot de départ organisé spontanément par le personnel de son service en mai 2024 lors de son départ à la retraite témoigne de l'estime, de la reconnaissance et de l'affection sincère de toute une équipe qui voyait en elle bien plus qu'un chef : un repère, un modèle, une présence rassurante. Elle a laissé une empreinte durable dans le cœur de ceux qui l'ont côtoyée: patients, étudiants, collègues, familles et amis.
Son influence a dépassé les frontières, tout comme les hommages qu'elle a suscités. À l'annonce de son décès, de nombreux témoignages ont afflué, émanant de personnalités médicales, d'anciens élèves, de confrères et consœurs d'horizons divers, de toutes sensibilités et de divers pays. Tous saluent unanimement son intégrité, sa compétence, sa générosité et l'élégance avec laquelle elle a incarné la médecine au féminin.
Dr Leila Essaddam
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