Après plusieurs mois de bras de fer émaillés de dissonances et d'empoignades, le Gouvernement et l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) ont finalement accordé leurs violons au sujet des délais de versement des augmentations salariales dans la fonction publique au titre de l'année 2017. Le compromis a été trouvé hier lors d'une rencontre bipartite présidée par le Chef du gouvernement Youssef Chahed et le secrétaire général de la centrale syndicale, Hassine Abbassi. En conséquence, la grève générale prévue demain, 08 décembre 2016 a été annulée. L'accord signé entre l'UGTT et le gouvernement prévoit : -Le versement de 50% des majorations au titre de 2017 entre janvier et novembre 2017. La majoration sera versée entièrement durant le mois de décembre 2017. -Le versement de 50% de la prime spécifique à partir du mois d'avril 2017 et jusqu'au mois de novembre de la même année. Cette prime sera versée dans sa globalité au mois de décembre 2017. -Le versement des 50% des majorations restantes (générale et spécifique) durant les mois de janvier, février et Mars 2018, et le versement de la prime spécifique relative à l'année 2018 dans les délais prévus par l'accord du 22 septembre 2015 -L'application des tous les accords conclu entre le gouvernement et l'UGTT conformément aux procédures en vigueur. -La révision de l'échelle des impôts en se basant sur le principe de la justice fiscale. -L'accélération de l'adoption de la loi portant création du conseil national du dialogue national. -L'ouverture d'un nouveau round de négociations sociales au mois d'avril 2018. Commentant cet accord, le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de l'information et porte-parole de la centrale syndicale, Sami Tahri a déclaré qu'il s'agit d'un exploit réalisé par l'UGTT qui renforce les acquis des salariés. «Le gouvernement ne voulait pas du tout de majorations au départ, mais avons réussi à confirmer notre droit, et c'est notre mérite» a t-il souligné, indiquant que l'UGTT a toujours été ouverte au dialogue. Pour rappel, le gouvernement avait initialement demandé à l'UGTT de reporter pour deux ans les augmentations salariales au titre de l'année 2017 en raison de la mauvaise situation des finances publiques et des exigences des bailleurs de fonds relatives à la de réduction de la masse salariale dans le secteur public. L'exécutif a cependant proposé mi-novembre dernier le report du versement des majorations salariales au mois de novembre 20 mais cette nouvelle proposition a été a été rejetée parla puissante centrale syndicale qui a menacé d'une grève générale si un accord n'était pas trouvé rapidement. L'UGTT avait signé avec le gouvernement Essid une hausse des salaires dans le secteur public pour l'année 2017 et avait indiqué que tout report des augmentations salariales signifierait que le gouvernement de Youssef Chahed a violé l'accord de Carthage et que l'Etat n'est plus en mesure de respecter ses engagements. Le dossier des augmentations salariales dans le secteur public constitue en effet une véritable patate chaude refilée par l'ancien Chef du gouvernement Habib Essid à son successeur. L'ancien locataire du Palais de la Kasbah avait en effet commis l'imprudence de conclure un accord prévoyant des majorations salariales dans la fonction publique avec l'UGTT en 2015 et de s'engager auprès des bailleurs de fonds internationaux, Fonds monétaire international (FMI) et Banque mondiale en tête, à réduire la masse salariale dans le secteur public en contrepartie d'un prêt destiné à renflouer les caisses de l'Etat !