« Le jour et le jour d'après » est le premier roman de Hend Bouaziz, paru en octobre 2016 en France, aux Editions DOXA. De nationalité tunisienne, Hend Bouaziz est née en 1979. Après des études poussées en management, elle décide de se consacrer entièrement à l'écriture. Il est à rappeler que quelques semaines avant la parution de son roman, Hend Bouaziz a remporté le Prix de la célèbre compétition littéraire du monde francophone, la Journée du Manuscrit Francophone (JDMF), édition 2016, une bonne nouvelle qui fait la fierté du monde littéraire tunisien. « Ce prix, je le dédie à mon pays, la Tunisie », a déclaré la romancière lors d'une interview. Le titre de cette première œuvre littéraire « Le jour et le jour d'après » porte bien son nom : en effet, « le jour », c'est le jour de la rencontre, le jour où commence non pas une histoire d'amour, mais plutôt une liaison spirituelle entre deux personnes. « Le jour d'après » est le jour où cette même rencontre avorte sous l'effet d'événements importants. C'est dire que tous les événements relatés dans le roman ne durent que deux jours. On peut dire qu'il y a à la fois une unité commune dans le temps et dans le lieu. L'on peut lire à la quatrième page du livre : « Deux jours comme deux amours. Plusieurs voix, expériences, passions comme les secondes, les minutes et les heures de ces deux jours vécus comme, encore, passion ardente, infinie, dévorante. Le Jour et le Jour après est le roman de cette dévoration qui supplante la sensibilité, l'amour, l'interdit et l'excès au cœur de la vie... » Les faits se déroulent au Caire, en Egypte, sur fond de révolution, à l'époque où survient « le Printemps arabe », et où les deux protagonistes, Sofia, jeune femme tuniso-égyptienne, et Idriss, homme égyptien, se rencontrent dans ces circonstances pleines d'angoisse et de malaise psychologique. Les deux personnages vont donc s'unir pour le meilleur et le pire, animés des mêmes espoirs en un avenir meilleur que la Révolution va réaliser pour des peuples longtemps opprimés, domestiqués par le bâton et le bâillon, sans liberté, sans dignité. Ils se rejoignent autour de leurs choix atypiques en commun et d'une certaine nostalgie pour le Caire ; le Caire qu'ils ont quitté pour vivre et s'établir dans l'atmosphère paisible de Casablanca... Cependant, si Sofia a beaucoup de confiance en un avenir libre et serein, en revanche Idriss est angoissé par la peur de mourir... A travers la lecture, on peut remarquer que pas mal de tabous (sexuel, religieux...) auxquels est soumise la société ont été abordés : « Il faut dire que le livre parle aussi d'une multitude de tabous, a confié la romancière lors d'une causerie littéraire organisée récemment par la Galerie Saladin, l'un des objectifs de ce roman est d'essayer de casser ce regard extérieur de la société et de mettre le doigt sur la plaie en assumant que les interdits existent mais qui sont parfois bafoués collectivement sans se rendre compte... » Et l'auteure d'ajouter : « J'espère que le public comprendra ma sensibilité à plusieurs niveaux. Ma sensibilité à l'amour, envers Dieu, au statut de la femme, à la nécessité d'en finir avec l'obscurantisme et la violence, mais aussi ma sensibilité par rapport à la mort, qui est une sensibilité par rapport à la vie, à la vie libre et paisible. Cette sensibilité, j'ai tenu à l'exprimer dans un pays qui se démocratise en espérant donner un sens et une contribution au droit des jeunes à être différents et à penser différemment leur être et leur avenir. » Ce qu'il faut retenir aussi dans ce livre, c'est le style de l'auteur, les thématiques abordés. Un livre bien écrit signifie une impeccable maitrise de la langue de Molière, quoique la romancière n'appartienne pas au monde littéraire ! Un style facile et clair où l'on peut remarquer la spontanéité et le naturel chez la romancière. Le livre est en vente actuellement en Tunisie et il sera bientôt republié, croit-on savoir par une Maison d'Edition tunisienne. A lire absolument !