Le mois de janvier est devenu une légende en Tunisie. L'Histoire nous l'a bien appris, ce mois qui démarre l'année possède une sorte d'influence très palpable sur le plan social. L'année 2016 avait démarré avec une note très particulière après que la ville de Kasserine ait été secouée par des mouvements sociaux tendus et dont les effets se font toujours ressentir. Janvier 2017 ne semble pas déroger à la règle ; à quelques jours de la célébration de la sixième commémoration des événements du 14 janvier 2011, des protestations commencent à ressurgir dans quelques villes du pays. Ainsi, Menzel Bouzzayen, Meknessi (gouvernorat de Sidi Bouzid), Ben Guerdane (gouvernorat de Tataouine) et quelques quartiers de Kasserine, connaissent, depuis la nuit du mercredi, des mouvements sociaux menés par de jeunes chômeurs. Si la situation a été relativement maîtrisée du côté de Kasserine, la ville de Ben Guerdane a connu des affrontements entre les forces de l'ordre et les protestataires ce qui a amené le bureau régional de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a appelé à une grève générale dans toute la ville. Réagissant, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a chargé une représentation ministérielle – composée du ministre de la Fonction publique et de la bonne gouvernance, Abid Briki, du ministre chargé des relations avec les partis politiques et la société civile, Mehdi Ben Gharbia et d'un représentant du ministère des Affaires étrangères – de se rendre, aujourd'hui, vendredi 13, à la ville afin d'étudier les possibles solutions qui pourraient aider la région à améliorer ses ressources. Pour Youssef Chahed, les protestations des habitants de la ville demeurent légitimes et l'Etat tunisien compte réagir positivement. Toutefois, il a expliqué que les protestations légitimes sont celles qui revendiquent la création de postes d'emploi et le développement pour la région ‘parce qu'il existe d'autres revendications qui sont totalement inacceptables'. Faisant certainement référence aux requêtes de quelques contrebandiers et commerçants de la région qui veulent que l'Etat intervienne afin que des solutions soient adoptées avec la partie libyenne pour que le passage de Ras-Jeddir reprenne ses activités commerciales. Loin des éventuelles mauvaises intentions de certains, la ville de Ben Guerdane attend depuis fort longtemps que les autorités lui trouvent de réelles solutions pour ses problèmes économiques. Lors du gouvernement d'Habib Essid, le ministre du Commerce de l'époque, Mohsen Hassan, avait évoqué un grand projet de création d'une zone de libre échange au niveau du gouvernorat de Tataouine. Voulant prouver qu'il ne s'agissait pas tout simplement d'une annonce faite pour absorber la colère des habitants de la ville, Mohsen Hassan avait même donné le coup d'envoi pour les études nécessaires à la mise en place d'un tel projet. Une année plus tard, la ville est sous haute tension pour les mêmes raisons et personne n'a plus jamais entendu parler du projet. C'est vrai qu'entre temps, il y a eu toute une initiative présidentielle et l'avènement d'un gouvernement d'union nationale, mais qu'en est-il de la continuité de l'Etat dont nous recherchons toujours le prestige ?