Où va-t-on ? C'est la question que ne cessent de poser et se poser les Tunisiens ? A chaque tournant de rue, à chaque village et autres bourgs haut perchés, c'est toujours la même préoccupation. Et pour cause. Le citoyen qui a tant espéré et espère toujours une amélioration même progressive de ses conditions d'existence, ne voit rien venir. Bien au contraire son pouvoir d'achat, quand il y en a déjà un, ne fait que s'éroder chaque jour davantage. Les autres, les damnés de la terre, les deux millions de pauvres ne disposant que de deux ou trois dinars par jour, c'est une autre affaire. La honte de la Tunisie indépendante où l'injustice sociale, les écarts sociaux sont énormes. Et dire que des jeunes nantis dépensent presqu'au quotidien beaucoup plus que le revenu annuel d'un misérable en une soirée dans une boite huppée de la banlieue nord ou pour un diner à Hammamet ou Sousse, pour ne citer que ces deux villes côtières. Vivement l'union nationale, celle du loup et de l'agneau. Une union nationale factice, qui n'existe que dans l'esprit de ceux qui l'ont imagée. Une représentation d'un vécu à sens unique fruit d'une myopie sociopolitique selon les uns ou d'une volonté délibérée de ne voir que ce que l'on veut voir pour les autres. A la « cachez moi ce sein que je ne saurai voir...» La réalité est là toute nue pour ceux qui veulent la voir. Oui, et demain, où va-t-on ? La réponse est claire, nette, cinglante, effrayante. Droit dans le mur. Le désastre annoncé, la catastrophe aura alors des conséquences incommensurables. Reste que ceux qui en pâtiront le plus sont les mêmes, ceux là même que les privations des fondamentaux d'une vie digne ont rendu insensibles aux nuances, aux variations et aux tons de la misère. On y est déjà et les chiffres sont effarants. Mais auparavant il y a de ces tristes faits qui ne trompent pas. Passons sur les « citoyens » qui vivent des grottes, des gourbis, des huttes en compagnie de leur maigre cheptel principale et unique source de revenu et qui, merci la neige, font l'objet d'une attention limitée dans le temps et l'espace, née d'un sentiment qui taraude « la conscience » de certains de nos compatriotes bien assis. Couvertures en laine, pates, lait, conserve de tomate...pour faire face au froid glaciale du nord et du nord est. Merci pour eux « les cœurs tendres », mais ils n'en veulent plus de votre charité. Et ils l'ont manifesté à maintes reprises. Payez vos impôts et ça ira mieux, travaillez, produisez et laissez travailler et ça ira mieux pour eux et pour vous. Passons, oui, mais attardons-nous sur le cas de ces deux gamines qui ont perdu la vie dans un minable internat, là bas à Thala, comme si c'était au bout du monde. Non c'est bien chez nous, pas loin de Kasserine, du Kef, de Kairouan, de Sousse, de Tunis...Un internat, c'est trop dire. Et il n'est pas le seul. Et dire que le salaire d'un de nos footballeurs professionnels peut sauver tant et tant de vies de jeunes démunis qui luttent avec acharnement pour tenter de mettre un pied dans l'ascenseur social qui refuse de les embarquer. Merci « les stars ». Que dire encore ? Beaucoup de choses, mais laissons la parole aux chiffres En effet selon les derniers chiffres de l'INS, l'inflation qui était de 6,4% en décembre 2017 a atteint au cours du mois de janvier dernier 6,9%. Normal avec toutes les augmentations de prix officielles dictées par la loi de finances 2018 et autres augmentations unilatéralement décidées par les prestataires de services dans presque tous les compartiments. Nos réserves en devises ne font que fondre chaque jour davantage. On en est à 84 jours en attendant un décaissement du FMI qui a été retardé ou une nouvelle sortie sur le marché financier international qui vient d'être décidée. Le déficit de notre balance commerciale gonfle démesurément en attendant d'éclater sur nos g.... Certes les exportations connaissent un bond, mais le principal fléau reste celui des importations des biens de consommation que l'on n'arrive pas ou que l'on ne veut pas endiguer et qui pénalisent nos produits. 40 000 emplois ont été perdus en six ans rien que dans le secteur du textile. C'est tout dire. Et dire aussi que plus de 3 000 employés du Groupe chimique de Tunisie, implanté à Gabès, sont menacés de chômage technique en raison de la rupture de l'approvisionnement en phosphate. La production de ce produit provenant du bassin minier de Gafsa est en rupture depuis plus de deux mois en raison des contestations non stop qui culminent à chaque concours de recrutement dans les sociétés environnementales qui n'ont jamais planté même pas un arbuste...Des chiffres on peut en aligner des dizaines et des dizaines...en vain...Et deuxième gâteau sur la cerise la Tunisie, figure depuis hier sur la liste noire des Etats susceptibles d'être fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, comme décidé par le Parlement européen. Bienvenus les investissements étrangers et plus d'éclat pour l'image de marque du pays déjà écornée par nombre de maladresses... Où va-t-on ? Oui, mais plutôt Etat es-tu là ? C'est principalement la question que l'on doit se poser. Sans parler aussi de cette absence de vision à moyen terme, d'une stratégie audacieuse, d'un plan ambitieux et d'une mobilisation autour d'un projet, d'un avenir. Pour donner de l'espoir à ceux, nombreux, qui l'ont perdu. Pour ce faire une volonté s'impose et surtout de la transparence car il est certain que l'on ne nous dit pas tout. Or sans cette complicité entre le peuple et ses dirigeants rien ne saura aboutir...Une volonté de fer pour lutter réellement contre la corruption, le marché parallèle et la contrebande qui gangrènent le pays....comme on sait bien le faire pour éradiquer le terrorisme. Il y va de l'avenir de notre chère Tunisie dont malheureusement les clés de son avenir sont en train de nous échappées.