La dernière grève des étudiants de l'Institut Préparatoire aux Etudes Scientifiques et Techniques « IPEST » a remis sur le devant de la scène la problématique du recrutement des enseignants de l'université. L'absence et l'élimination des examens français de certains étudiants étaient dûes, selon eux, à leur recherche d'un support académique et pratique meilleur que ce que l'institut est en train de leur dispenser. L'enseignement est une science de communication où il faut inévitablement passer par des stages pratiques. Au-delà de cet incident qui a touché un institut de grande renommée et la fine fleur des étudiants tunisiens, c'est tout le système de recrutement à l'université qui suscite l'interrogation. Suffit-il d'un diplôme, fût-il un doctorat, pour enseigner à l'université ? Les établissements spécialisés: L'enseignement est une science de communications, qui nécessite certes des connaissances académiques de base mais, et surtout, une méthode pédagogique pour les véhiculer à ses auditeurs. C'est la raison pour laquelle des écoles normales d'instituteurs ont été instituées, des écoles normales supérieures aussi pour la formation des professeurs. Seulement, et avec l'accroissement du nombre d'élèves, ces établissements ne parvenaient plus, dans les 1980-90, à assurer un nombre suffisant d'enseignants, soit du primaire ou du secondaire. Les recrues étaient prises, sur le tas, parmi les bacheliers (pour les instituteurs) et parmi les diplômés du supérieur (pour les professeurs). Cette remarquable croissance du nombre d'élèves s'est progressivement répercutée dans l'enseignement supérieur. Le besoin se faisait ressentir, de plus en plus, d'un nombre toujours plus grand d'enseignants. Or, et faute d'instituts spécialisés, les universités et les instituts supérieurs ne pouvaient que se rabattre sur leurs propres diplômés, même s'ils manquaient d'expérience. Est-ce le bon choix ? L'inévitable formation Selon certains professeurs émérites : «Le niveau, auquel les diplômes se sont retrouvés, est dû à ce manque de compétence pédagogique et de spécialisation. Les ingénieurs, même issus des grandes écoles, ne sont pas systématiquement de bons enseignants. Pourtant, les Instituts Supérieurs des Etudes Technologiques « ISET » ne puisent leurs personnels que parmi cette catégorie ainsi que parmi les autres diplômés du supérieur. Les facultés, aussi, recrutent pour certaines disciplines, parmi ces nouveaux diplômés. Ce mode de recrutement ne peut qu'avoir des conséquences sur le niveaux des diplômés. Un grand travail est à faire pour palier à ces conséquences car, on ne peut inévitablement pas ignorer l'apport des stages pratiques et de l'expérience. Ceci ne pourrait se faire après ! ».