Trois productions tunisiennes ont été sélectionnées pour la 10e édition et les 25 ans d'existence du Marché des Arts du Spectacle Africain (MASA) ; marché qui se tiendra du 10 au 17 mars à Abidjan, la capitale économique ivoirienne. Il s'agit de deux pièces théâtrales à savoir «Le radeau» d'El Hamra et «Vertige» d'El Teatro, et d'un spectacle musical, «Aroug» de Badreddine Dridi. Le Marché des Arts du Spectacle Africain est un grand événement dans la vie culturelle du continent africain dont fait partie la Tunisie. Le MASA a été créé pour «renforcer les capacités des professionnels africains (Maghrébins compris) des arts vivants (musique, théâtre, danse) et permettre l'accès des productions africaines et de leurs artistes au marché international». La première édition s'est tenue en 1993, fêtant, ainsi cette année, ses 25 ans. Le MASA est composé du «In» et du «Off». Le «In» est ouvert à «la prestation de groupes artistiques sélectionnés à la suite d'un appel à candidature par une équipe composé d'experts nationaux et internationaux constituant le Comité Artistique». Il est à signaler que feu Ezzeddine Gannoun était, durant quelque temps, l'un des experts internationaux du CA, et que Lassaad Jamoussi l'a été pour les 9e et 10e éditions. Cette année, ce sont «Le radeau», «Vertige», et «Aroug» qui ont été sélectionnés. Passons sur «Le radeau», qui a déjà reçu bien des éloges depuis l'ouverture des Journées théâtrales de Carthage 2016 et qui sera jouée les 11 et 13 mars, et «Vertige», que nous n'avons pas vue, programmée les 13 et 14 mars. Il est intéressant de s'attarder sur le spectacle «Aroug» de Badreddine Dridi, pour plusieurs raisons. Tout d'abord «Aroug», ou «Racines», a obtenu le prix de la meilleure œuvre musicale tunisienne aux dernières Journées musicales de Carthage, qui se sont tenues du 8 au 15 avril 2017 à Tunis. Puis, à travers son projet, Badreddine Dridi a pour objectif de faire renaître les origines afro-berbères de la musique tunisienne en les mettant au goût du jour. C'est un spectacle qui se base essentiellement sur le patrimoine musical afro-berbère. L'idée de «Aroug» est née des retrouvailles de Badreddine Dridi et du batteur Mohamed Khachnaoui, après leurs études à l'Institut supérieur de musique de Tunis et des expériences différentes qui ont enrichi leur parcours, ainsi que de la rencontre avec d'autres musiciens, tels que Sahbi Mustapha, Wajdi Riahi, Wassim Ben Rhouma, Jaouher Teber ou encore Ahmed Litaiem partageant les mêmes idées concernant la situation du patrimoine musical tunisien en particulier et africain en général. Pour ce concept de réhabilitation du patrimoine musical tunisien dans tous ses genres originaux, le groupe s'est penché sur les différents styles comme le stambali, l'aaroubi, le sahraoui, le rakrouki, etc. Le groupe a commencé à tester l'aboutissement de ses recherches dans des lounges et d'autres petites scènes. Ceci lui a montré que le public avait besoin de retrouver ces genres musicaux et l'a encouragé à continuer sur cette voie en créant ses propres compositions. Il est à noter qu'«Aroug» se produira au MASA les 11 et 12 mars et que le groupe a postulé pour les festivals de Carthage et de Hammamet, espérant avoir la chance d'offrir au public tunisien un bon retour aux racines.