Le Premier ministre du Liban annonce la démission de son gouvernement, conspué par la rue. L'accident est le résultat d'une « corruption endémique » selon les mots du Premier ministre. Dans son allocution télévisée, Hassan Diab dit souhaiter que les responsables de ce « crime » soient traduits en justice. La population accuse les autorités de corruption et d'irresponsabilité qui auraient conduit à la catastrophe du port de Beyrouth. Les Libanais sont appelés à manifester hier devant le palais présidentiel de Baabda à Beyrouth pour réclamer la démission du chef de l'Etat, Michel Aoun, six jours après l'explosion qui a détruit une partie de la ville. La catastrophe du 4 août a encore aggravé la crise économique, politique et sociale dans laquelle est plongé le Liban depuis des mois. Quatre ministres ont auparavant présenté leur démission depuis dimanche, lendemain d'une flambée de colère qui a mobilisé des milliers de manifestants à Beyrouth. L'explosion de quelque 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium stockées depuis des années sur le port de la ville a fait au moins 158 morts et plus de 6.000 blessés mais elle a aussi ravivé la colère d'une large partie de la population après des mois de crise politique et économique. Désormais, "c'est tout le régime qui doit changer", a déclaré Joe Haddad, un ingénieur. "Un nouveau gouvernement ne fera aucune différence. Ce qu'il faut, ce sont des élections rapides." Les manifestations du week-end à Beyrouth, qui ont rassemblées plusieurs milliers de personnes, sont les plus importantes depuis le début en octobre du mouvement de protestation contre la crise économique, la corruption et la mauvaise gestion des services publics par une élite politique accusée de détourner à son profit les finances publiques. Dimanche, les donateurs internationaux du Liban ont promis d'envoyer rapidement et sans condition près de 253 millions d'euros d'aide à Beyrouth. Mais ils ont précisé que la poursuite de leur soutien dépendrait de la mise en oeuvre de réformes institutionnelles.