Le Temps-Agences- Le Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki a promis hier la "bataille finale" contre Al-Qaïda en Irak, annonçant le lancement d'une opération "décisive" à Mossoul (Nord) où se concentrent de nombreux partisans de l'organisation extrémiste. "Nous avons mis en place un centre d'opération dans la province de Ninive (dont Mossoul est la capitale) pour mener la bataille finale contre Al-Qaïda, les gangs de criminels et les fidèles de l'ancien régime", a affirmé M. Maliki, dans un discours prononcé dans la ville sainte chiite de Kerbala au sud de Bagdad. Les "crimes" commis ces deux derniers jours par Al-Qaïda à Mossoul ont "motivé" le gouvernement à lancer cette nouvelle opération, sur laquelle M. Maliki n'a cependant donné aucune précision. Troisième ville du pays, Mossoul abrite une population majoritairement arabe sunnite, mais également des chiites et des Kurdes. Le commandement américain a récemment présenté Mossoul comme "un dangereux centre de gravité" de la branche irakienne d'Al-Qaïda. Sous la pression des troupes américaines, ses combattants ont fui Bagdad pour se regrouper ces derniers mois dans le centre-nord irakien, se concentrant plus particulièrement dans la région de Mossoul, frontalière de la Syrie. Parallèlement à cette migration vers le Nord, Al-Qaïda semble également avoir changé de tactique : aux attentats de grande envergure contre les civils ont succédé des attaques suicide plus ciblées, visant méthodiquement les forces de sécurité ou les milices sunnites alliées à l'armée américaine. Une centaine de membres de ces milices tribales, baptisées "forces du Réveil" et qui ont contribué de façon décisive au retour à la sécurité dans de nombreuses provinces sunnites, ont été tués, dont six de leurs chefs, selon une récente estimation du ministre de l'Intérieur, Jawad Al-Bolani. Les attaques et les attentats suicides visent quotidiennement des responsables policiers et militaires irakiens, sapant également l'efficacité des forces de sécurité. "Aujourd'hui, nos forces ont fait mouvement vers Mossoul et la bataille sera décisive", a lancé M. Maliki, qui s'exprimait au cours d'une cérémonie publique en hommage aux "martyrs" du régime de Saddam Hussein. "Nous avons pu défaire tous les complots contre l'Irak, et le plus menaçant était les violences sectaires", a-t-il expliqué. "Ils voulaient inonder le pays du sang de la guerre civile (...) L'Irak s'est retrouvé au bord de la guerre civile", a reconnu le Premier ministre. "Chaque jour, nous ramassions dans les rues de Bagdad les cadavres et les têtes décapitées des victimes, toutes tuées en raison de leur religion. C'était la chose la plus dangereuse (...), mais nous avons vaincu ce complot", a-t-il affirmé. Et aujourd'hui, "nous sommes parvenus à mettre en place une véritable armée", a ajouté le chef du gouvernement, dominé par les chiites. Le 8 janvier, l'armée américaine a lancé sur tout le territoire irakien une offensive contre les groupes affiliés à Al-Qaïda, baptisée "Phantom Phoenix". Cette opération se déroule dans quatre provinces du Centre-nord, notamment à Mossoul, sous le nom d'opération Iron Harvest.