Le Temps-Agences- Le Parlement turc a adopté hier en première lecture un amendement à la Constitution autorisant les étudiantes à porter le voile à l'université, une réforme qui risque de provoquer une levée de boucliers parmi les élites laïques du pays. Ces dernières - officiers de la puissante armée turque, juges et recteurs d'université, entre autres - craignent que lever cette interdiction ne mette en péril la séparation entre l'Etat et la religion, principe fondateur de la République turque moderne instaurée au siècle dernier par Mustapha Kemal Atatürk. L'amendement a été adopté par 404 voix pour et 92 contre, soit bien plus que les deux tiers des suffrages requis (367). La réforme, proposée par l'AKP, d'inspiration islamiste, et le parti nationaliste d'opposition MHP, devrait être définitivement adoptée en dernière lecture samedi, les deux formations disposant d'une majorité dépassant les deux tiers des voix requis. Soucieux de dissiper les tensions, le président Abdullah Gül et le Premier ministre Tayyip Erdogan, tous deux issus de la mouvance islamiste, s'étaient engagés à ne pas porter atteinte à la laïcité. "Ce que nous essayons de faire est entièrement axé sur le droit à l'enseignement universitaire", avait déclaré Erdogan dans une réunion publique de son parti. "(Mais) nous sommes attentifs aux préoccupations et aux critiques exprimées publiquement", avait-il ajouté, adoptant un ton plus conciliant à l'égard de ses adversaires politiques.