Le Temps-Agences - Le couvre-feu imposé la veille au soir a été levé hier à Beyrouth, revenue timidement à la vie après des combats de rue meurtriers entre partisans du gouvernement et de l'opposition, qui ont ravivé le spectre des violences confessionnelles. Ces affrontements, d'une ampleur sans précédent depuis la guerre civile (1975-1990), ont embrasé plusieurs quartiers à majorité musulmane de Beyrouth, avant que la ville ne soit placée sous couvre-feu jusqu'à hier 06H00. Quatre personnes ont été tuées et 152 blessées, selon la police. L'armée a assuré hier que la situation était "sous contrôle", sans exclure un nouveau couvre-feu. "Si les choses évoluent, nous annoncerons de nouvelles mesures, par exemple un couvre-feu", a déclaré un porte-parole. Quelques heures après la levée du couvre-feu, le premier depuis 1996, la vie a repris et les commerces ont ouvert leurs portes. Mais les établissements scolaires et les universités resteront fermés jusqu'à lundi. Dans le quartier de Zokak al-Blat, touché par les combats, seule la présence de bennes d'ordure renversées ou incendiées ainsi que de blindés de l'armée aux carrefours rappelait les violences. Les accrochages avaient commencé à l'Université arabe, dans le sud de Beyrouth, entre partisans chiites de l'opposition, menée par le Hezbollah, et sunnites du gouvernement, avant que les scènes d'émeutes ne s'étendent aux quartiers voisins, mettant aux prises de jeunes casseurs armés de bâtons, pierres et armes automatiques. Les manifestants avaient quitté les rues après les appels au calme, notamment du dirigeant sunnite de la majorité parlementaire anti-syrienne, Saad Hariri, et du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Mais l'un des leaders chrétiens de la majorité, Samir Geagea, a averti hier des risques de "guerre civile" si l'opposition poursuivait dans sa tentative de faire tomber le gouvernement "par la force". La presse a tiré la sonnette d'alarme, mettant en garde contre une nouvelle guerre civile. "Le Liban en proie à la sédition. Peu importe qui en est responsable. Peu importe qui a commencé les affrontements. Ce qu'il faut c'est une solution politique rapide et un gouvernement d'union", estimait le quotidien d'opposition Ad-Diyar.