Nouvellement affectée à l'hôpital Habib Thameur de Tunis, la jeune infirmière s'apprêtait à prendre son service avec son enthousiasme coutumier, étant à mille lieues de penser qu'elle sera, ce jour-là, victime d'une lâche agression commise par... son soupirant ! Elle aurait pu imaginer tomber dans un traquenard que lui auraient posé de sinistres délinquants, mais jamais l'idée de faire l'objet d'une véritable tentative de meurtre de la part de son amoureux ne lui aurait effleuré son esprit. Et pourtant, c'est ce qui, malheureusement, se produisit, presque dans l'enceinte même de l'établissement hospitalier. Il y a seulement deux mois qu'elle travaille dans cet hôpital et comme toutes les jeunes filles du monde elle a été approchée par un gaillard qui lui déclara son amour allant même jusqu'à amener sa famille chez elle pour demander sa main, dans les règles de l'art et selon notre tradition. Mais cet essai n'a pas été concluant d'autant que l'intéressée était réticente. Elle ne manqua pas de le lui faire savoir et malgré ses nombreuses tentatives de la convaincre, elle ne changea pas d'attitude, le priant gentiment à aller chercher ailleurs, son cœur n'ayant pas battu la chamade pour lui. Ce refus devait avoir de pénibles conséquences pour l'infirmière qui, du jour au lendemain, en paya le prix sous forme d'un harcèlement quotidien de ce prétendant. N'en pouvant plus, elle se décida enfin à porter plainte. Convoqué au poste de police, le soupirant éconduit a été obligé de signer un engagement en vertu duquel il renonce définitivement à ses agissements désobligeants envers la jeune infirmière, sinon il sera poursuivi pénalement. La plaignante crut alors à la délivrance. Mais c'était mal connaître cet individu introverti qui n'a cessé par la suite de la suivre comme son ombre pour l'épier à distance sans qu'elle ne se rende compte de sa présence. Une seule fois, elle l'aperçut d'une fenêtre de l'hôpital, mais elle n'accorda pas d'importance à cette visite impromptue. C'était pourtant une reconnaissance des lieux où il allait quelques jours plus tard commettre son forfait horrible. Tapi dans l'ombre après lui avoir emboîté le pas, il surgit tel un félin pour lui asséner quatre coups de couteau dans le dos dont un a effleuré le foie et lorsque sa victime s'est retournée pour voir son agresseur, il lui en porta encore deux qui, heureusement, n'atteignirent pas son abdomen, la blessant gravement à la main droite. Une agression ou plutôt une mise à mort effectuée juste en face de l'hôpital, dans la petite place qui sert de parking pour les visiteurs et devant une dizaine de badauds éberlués. Ce geste insensé accompli avec un sang froid inimaginable, il disparut ensuite tel un coup de vent. Conduite à l'intérieur de l'établissement hospitalier, l'infirmière balbutia le nom de son agresseur avant de sombrer dans le coma. A l'issue de recherches actives, les agents de la police judiciaire du Bardo réussirent à trouver sa planque et à l'arrêter. Lors de l'enquête préliminaire, l'accusé déclara qu'il a commis son forfait ignoble car il aime à la folie cette jeune infirmière qui a refusé de s'unir à lui pour le meilleur et pour le pire. " C'est par amour que je l'ai poignardée. ", a-t-il conclu.