Le forum du progrès, relevant du Parti de l'Unité Populaire (PUP) a organisé vendredi après-midi une conférence - débat qui a drainé bon nombre d'intéressés de tous bords et tous âges attirés par le thème à débattre : la mémoire nationale. La fondation Temimi Le conférencier était bien évidemment l'incontournable Abdejlil Temimi en une pareille occasion, puisque sa Fondation s'est imposée par ses louables initiatives pour dépoussiérer la mémoire collective. Les séminaires consacrés à divers chapitres de l'histoire contemporaine de la Tunisie, ont été des réussites éclatantes. Les témoignages collectés et publiés constituent une matière première riche et abondante. Elle permettrait d'écrire ou de réécrire l'histoire de la Tunisie indépendante. M. Temimi, tout fier de ce qu'a accompli sa Fondation, estime néanmoins qu'il y a encore du chemin à faire et que les chercheurs aspirent à ce qu'ils aient accès aux archives classées dans les différents départements. C'est en procédant au recoupement des documents et leur confrontation avec les témoignages recueillis que l'historien situe les événements et les acteurs dans leurs vraies proportions.
Histoire et impartialité M. Bouchiha, secrétaire général du PUP devait justement évoquer tout au début de son allocution de bienvenue qu'en matière d'histoire, les risques de manipulation sont énormes, alors que l'histoire est censée être la discipline la plus impartiale. Plaçant le débat dans la trajectoire qui doit être la sienne M. Bouchiha précise "nous aspirons à ce que ce forum soit un espace ouvert à tous, sans dogmatisme, sans préjugés et sans parti-pris. Nous aspirons ainsi à ce que le débat sur la mémoire nationale soit empreint de sobrieté, d'objectivité et de profondeur. La passion n'est pas de nature à bien appréhender l'histoire".
Entre passion et pondération Les passions ne tardèrent pas à se déchaîner à l'évocation de certains événements ou certains personnages de l'ancien régime. Certains intervenants n'ont pu s'empêcher d'extérioriser l'amertume qu'ils ressentent encore, en se rappelant les geôles et les supplices des années soixante et soixante-dix, mais d'autres intervenants purent ramener le débat à une dimension moins passionnée "Nous ne sommes pas là pour faire le procès de qui que ce soit, l'histoire est toujours une compilation de réussites et d'échecs", souligne M. Adel El -Kadri, militant Pupiste et animateur du débat. M. Mohamed Sayah, ex-directeur du PSD et l'un des hommes forts du régime de Bourguiba, écoutait et intervenait de temps en temps. Un militant de gauche, n'a pas manqué de souligner que grâce à la Fondation Temimi, des personnages contradictoires, ont pu apporter leur vision et perception des événements qu'a connus la Tunisie des années 60 et 70, tel le débat consacré à l'expérience des perspectivistes et qui a réuni un face à face Sayah - Ben Khidhr (feu Noureddine Ben Khidhr). Les actes de ce séminaire seront bientôt publiés, selon M. Abdejlil Temimi. Ainsi, lutte-t-on contre l'oubli, comme l'a souligné le juriste et militant Abderrahmen Kraïem "La mémoire nationale est notre mémoire à tous".