Le Temps-Agences - Un diplomate de l'ambassade d'Iran à Bagdad a été enlevé par des hommes portant l'uniforme du 36ème bataillon de l'armée irakienne, une unité collaborant souvent avec les forces américaines, annoncent des responsables irakiens et iraniens. Téhéran a fait savoir qu'il tenait les Etats-Unis pour responsables de sa sécurité. "Nous considérons cela comme un enlèvement", a déclaré à Reuters un responsable du gouvernement irakien. Ce responsable a ajouté que le diplomate, second secrétaire à l'ambassade d'Iran en Irak, avait été enlevé dans le quartier de Karrada, dans le centre-ville, par une trentaine d'hommes portant l'uniforme de cette unité de commando chargée d'opérations spéciales. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Mohammad Ali Hosseini, a confirmé que Jalal Sharafi avait été enlevé par un groupe proche du ministère irakien de la Défense qui "travaille sous la direction des forces américaines", selon l'agence de presse iranienne ISNA. Le ministère a annoncé avoir convoqué les ambassadeurs de la Suisse et de l'Irak à Téhéran pour protester contre l'enlèvement. L'ambassade de Suisse représente les intérêts américains en Iran du fait de l'absence de relations diplomatiques entre Washington et Téhéran. Les forces américaines en Irak ont arrêté le mois dernier plusieurs Iraniens, dont des diplomates. Washington accuse Téhéran de soutenir les activistes qui combattent les forces américaines, ce que l'Iran dément.
Un «acte terroriste» L'ambassadeur d'Iran en Irak, Hassan Kazemi-Qomi, a accusé Washington d'être à l'origine de l'enlèvement. Le président américain George Bush a promis en janvier de perturber le "flux de soutien" iranien en faveur d'activistes irakiens. "Il semble que cet acte terroriste ait été commis dans le cadre de l'ordre donné par Bush, afin de faire monter d'un cran la confrontation avec l'Iran", a déclaré Qomi, cité par la télévision nationale iranienne. Un porte-parole de l'armée américaine a nié que cette dernière ait joué un rôle dans l'incident. "Nous ne sommes au courant d'aucune mission qui ressemble de près ou de loin à cet incident", a déclaré à Bagdad le colonel Christopher Garver. Selon Hosseini, Sharafi a été enlevé devant une succursale de la banque iranienne Melli. Le responsable irakien a précisé que les ravisseurs circulaient dans des véhicules tous-terrains et une BMW. Le responsable a ajouté que des policiers qui se trouvaient à proximité avaient ouvert le feu sur le groupe et avaient arrêté six de ces hommes. Par la suite, d'autres membres des forces de sécurité sont venus au commissariat et ont annoncé qu'ils allaient conduire ces six hommes au service des Crimes graves, à Bagdad, mais les policiers ont découvert par la suite qu'ils n'étaient jamais arrivés. Les gouvernements iranien et irakien, qui ont rétabli des relations diplomatiques après la chute de Saddam Hussein, ont déjà exigé des Etats-Unis qu'ils libèrent les Iraniens capturés lors de précédentes interventions.