Strauss-Kahn conseille aux Européens de "se préparer au pire scénario" Le Temps-Agences - Le plan de sauvetage des banques américaines était en difficulté face à l'hostilité de nombreux parlementaires, suscitant l'inquiétude sur les places financières mondiales frappées de morosité. A New York, les dirigeants de la planète ont évoqué à l'ouverture de l'Assemblée générale de l'ONU la crise qui secoue les marchés financiers, alors qu'un influent sénateur américain a jugé que le plan préparé par l'administration Bush n'était pas "acceptable" en l'état. "Cela ne va pas marcher", a déclaré le président de la commission bancaire du Sénat, le démocrate Christopher Dodd, à propos du plan du secrétaire au Trésor, Henry Paulson, qui prévoit de débloquer 700 milliards de dollars afin d'éponger les créances douteuses accumulées par les banques dans l'immobilier. M. Paulson et le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, devaient de nouveau défendre le plan de sauvetage bancaire hier devant la chambre des représentants. Malgré la tornade financière qui souffle depuis dix jours, le démocrate Jack Reed a regretté que "le contribuable doive assumer le risque de décisions désastreuses prises par des individus fortement rémunérés à Wall Street". "Nous pourrions très bien dépenser 700 milliards de dollars ou 700.000 milliards et ne pas résoudre la crise. Avant que je signe quelque chose de cette ampleur, je veux savoir que nous avons épuisé toutes les solutions de rechange raisonnables", avait lancé le sénateur Richard Shelby. Quant au directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn, il a conseillé aux Européens de "se préparer au pire scénario" pour la suite de la crise financière, dans un entretien au quotidien allemand FAZ paru hier. "Même si les banques européennes ont aussi connu des pertes découlant de leur exposition à des titres liés au marché immobilier américain, elles sont globalement dans une position meilleure que les institutions financières américaines", a cependant tempéré le dirigeant de l'institution multilatérale. La veille, le président français Nicolas Sarkozy avait proposé à ses pairs de se réunir avant la fin de l'année pour "réfléchir ensemble aux leçons à tirer" de la crise, estimant qu'elle est "la plus grave qu'ait connue le monde depuis celle des années 1930". Il a précisé que cette réunion pourrait se dérouler en novembre sur la base du G8, avec une "possibilité d'ouverture sur les pays émergents". Les principales places financières européennes étaient moroses hier, alors que leurs homologues asiatiques ont clôturé dans un vert très pâle.