Le Temps-Agences - Quelque 260 élus interpellent le président français sur la réforme des conditions d'accès des associations dans les centres de rétention administrative (CRA) où sont retenus les étrangers en instance d'expulsion, dans une lettre ouverte rendue publique hier. Les signataires s'insurgent contre la remise en cause par le ministère de l'Immigration de la mission de la Cimade (association oecuménique d'entraide), seule association assurant depuis 1984 une permanence dans les CRA. Chaque année, elle publie un rapport très critique sur leur fonctionnement et le respect des droits dans ces centres. "Nous considérons (...) que multiplier le nombre des intervenants au sein des CRA, qui seront désormais choisis dans le cadre d'un appel d'offres des marchés publics éclatés en huit lots distincts, empêchera dorénavant d'avoir une vision d'ensemble de la situation qui prévaut dans ces lieux d'enfermement", écrivent les élus, essentiellement Verts, socialistes et communistes. Le député européen et vice-président du MoDem Jean-Luc Bennahmias et le député UMP Etienne Pinte sont également signataires de cette lettre. "Nous estimons qu'imposer à ces futurs intervenants un devoir de confidentialité et de neutralité va entraver tout témoignage public sur certaines situations contraires au respect des droits fondamentaux", ajoutent les signataires de cette lettre ouverte paraphée par 14 parlementaires et 246 élus locaux. Un décret du 22 août organise une refonte complète du système d'information des étrangers dans les 27 CRA sur le territoire français, assuré jusqu'ici par la seule Cimade. Les nouvelles règles, dont celle de la confidentialité des intervenants, entrent en vigueur le 1er janvier prochain. La Cimade perd son exclusivité et les associations qui auront accès au CRA seront désignées par le ministère sur la base d'un appel d'offres. Plusieurs associations, dont la Cimade, le Secours catholique, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et le Syndicat des avocats de France (SAF), ont déposé le 23 octobre dernier un recours devant le Conseil d'Etat contre ce décret. "33 à 35 %" de reconduites volontaires d'ici fin 2008 Par ailleurs, Le ministre de l'Immigration Brice Hortefeux a chiffré hier sur France 2 à environ un tiers, "33 à 35 %", le nombre de retours volontaires d'étrangers en situation irrégulière qui devraient être atteints d'ici fin 2008. Interrogé sur ses objectifs chiffrés en matière de reconduite à la frontière, le ministre a estimé que la "vraie nouveauté" c'est que "parmi ces reconduites, (alors qu') il y a avait, il y a deux ans, simplement sept pour cent qui se faisaient de manière volontaire, vraisemblablement nous terminerons l'année aux alentours de 33 à 35 %". Le ministre, qui avait déjà estimé le 12 octobre sur BFM-TV que les retours volontaires devraient atteindre "37 à 38%" d'ici fin 2008 (contre 7% en 2006), a qualifié cette tendance de "rupture totale", estimant qu'elle signifiait que "le message est compris". Il a ajouté qu'il souhaitait "accompagner le retour" de ces étrangers notamment en Afrique subsaharienne afin qu'ils puissent "bâtir un avenir sur place". Le cabinet de M. Hortefeux, a précisé, dans un communiqué, que "7.456 retours volontaires" avaient été enregistrés entre janvier et août 2008, "contre 913 sur la même période de 2007, soit une progression de 726,5%".