Dans un document, remis début février au Congrès, et qui détaille et justifie ses prévisions budgétaires pour l'année fiscale 2008, qui a débuté en octobre 2007, le Département d'Etat américain a alloué une enveloppe globale de 44,79 millions de dollars pour les cinq pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Avec quelque 29,05 millions de dollars d'aide américaine, le Maroc se taille la part du lion, suivi de très loin par la Mauritanie (6,95 millions), la Tunisie (4,76 millions), l'Algérie (2,88 millions) et la Libye (1,15 million). Le Maroc, qui est l'un des plus vieux et des plus proches alliés arabes des Etats-Unis, est qualifié par ces derniers, dans le même document, de «leader régional en matière de réformes démocratiques». Selon Washington, le royaume alaouite a fait des «progrès substantiels» dans les réformes qu'il a mises en route. Le document du Département d'Etat cite, comme exemples, la promulgation du nouveau code la famille et la loi sur les partis politiques, rappelant que celle-ci vise à étendre la participation dans le processus politique, à rendre les partis politiques plus efficaces et à élargir le champs de la démocratie. Le plus grand défi auquel le Maroc est aujourd'hui confronté reste cependant l'amélioration des conditions de vie et de l'avenir de sa population, particulièrement les jeunes. Une manière de souligner les faiblesses du modèle de développement marocain, à savoir les importants écarts de revenus entre les riches et les pauvres Le Maroc étant le seul pays de l'UMA à avoir signé un Accord de libre échange avec les Etats-Unis, lequel est entré en vigueur en janvier 2006, la relative «générosité» des Etats-Unis à son égard s'explique aussi par la volonté de l'administration Bush de récompenser un partenaire sûr et conciliant. Cependant, le montant global de l'aide américaine aux cinq pays du Maghreb (44,79 millions de dollars) reste insignifiant en comparaison avec celui requis pour la région du Moyen Orient (5,4 milliards). Il est également très faible en comparaison avec les montants alloués à Israël, principal allié de Washington dans la région (2,4 milliards), l'Egypte (1,72 milliard), la Jordanie (513,21 millions), l'Irak (391,8 millions), les territoires palestiniens (77 millions, dont 24,5 millions pour l'assistance humanitaire) et le Liban (59,77). Conclusion : malgré tout le blablabla diplomatique que l'on entend à propos de la place importante que le Maghreb occupe désormais dans la nouvelle stratégie des Etats-Unis, il apparaît clairement, à travers ces chiffres tout au moins, que notre région compte peu, très peu, dans les calculs stratégiques des Etats-uniens, dont le tropisme moyen-oriental, dicté par la nécessité de défendre la sécurité (et les intérêts) d'Israël et de compenser les dégâts causés par ses propres guerres dans la région, a encore de beaux jours devant lui.