Tunis le Temps : C'est une affaire, autant originale que bizarre, qu'a eu à juger, dernièrement, le tribunal de première instance de la Manouba. En effet, les faits commencent par la plainte d'un mari, dont l'épouse profita de sa détention en prison, étant condamné à 10 ans, pour aller vivre en ménage avec une tierce personne. L'enquête révéla la véracité des allégations du mari, et la police fit irruption dans l'appartement où vivait l'épouse avec la personne incriminée, dans le but de les arrêter après un constat d'adultère. Mais le bonhomme, qui vivait avec cette épouse, fit part de son étonnement, déclarant qu'il était marié légalement avec celle-ci. Pour preuve de la véracité de ses dires il présenta un acte de mariage en bonne et due forme. Comment cela était-ce possible, alors que cette épouse était encore liée par un premier mariage ? Eh bien elle présenta un extrait de naissance ne faisant aucune mention marginale, comme si elle était célibataire. L'acte de naissance n'était nullement falsifié. Mais l'acte du premier mariage n'a jamais été versé à l'état civil ! Aberration administrative qui causa de gros problèmes. Car le deuxième mariage était tout ce qu'il y avait de plus légal, malgré son caractère litigieux. C'est le cas de ce qu'on appelle en droit le mariage putatif, considéré comme étant nul, mais contracté de bonne foi. Inculpé d'adultère et de mariage contraire aux normes imposées par la loi. Les deux complices comparurent devant le tribunal. Le bonhomme put établir sa bonne foi, ayant même présenté des témoins qui ignoraient que la femme était déjà mariée. Il fut donc acquitté. Quant à l'épouse, elle fut condamnée par le tribunal à 6 mois d'emprisonnement.