En ce début d'année, le monde vit malheureusement une double tragédie, une tragédie meurtrière due à cette effroyable boucherie qui se déroule dans le minuscule territoire de Gaza où il y a la densité la plus forte au monde et une tragédie plus amère celle du silence insolent, de l'indifférence révoltante, de l'impuissance terrifiante et de l'insouciance coupable. Que faire ? L'on est en droit de se demander où va ce monde. Un monde qui réagit en rang dispersé. Paris condamne, Washington justifie, deux exemples édifiants. A l'ONU ça coince. Le conseil de sécurité qui s'est réuni trois fois en une semaine s'est révélé incapable de produire la moindre déclaration à cause de l'intransigeance de Washington. Bien évidemment de nouvelles réunions du conseil de sécurité sont prévues ; mais pour quoi faire ? Mahmoud Abbas et plusieurs ministres arabes sont attendus à New York, mais que peuvent-ils faire devant ce mur implacable de l'incompréhension ? C'est tragique de voir ce conseil adopter une attitude d'impuissance et de passivité. Cela complique la délicate et difficile visite de Nicolas Sarkozy prévue aujourd'hui dans la région. Le président français qui ne se fait pas d'illusions va tenter quand même l'impossible. Lui, avec son activisme débordant qui veut toujours se faire entendre, sera-t-il écouté cette fois? Mais s'il y a quelqu'un qui brille par son silence et son absence c'est bien évidemment Barack Obama. Par son silence inquiétant particulièrement sur ce dossier brûlant, il donne l'impression de ne pas vouloir souffler sur les braises. Pendant ce temps Israël qui ne semble pas vouloir ou devoir rendre des comptes à la communauté internationale savoure ces divisions et ces prises de position car cela lui fait gagner du temps. Silence on tue, rien de plus juste comme l'a écrit un confrère pour qualifier l'inqualifiable guerre qui est à son 10ème jour. C'est un crime de s'être appuyé sur le soutien d'alliés complaisants insoucieux de l'avenir voire de la vie d'innocentes victimes. C'est un crime pour l'humanité que de voir triompher insolemment les forces du mal dans la défaite du droit. C'est aussi un crime que de cautionner un complot ourdi contre une cause juste pour imposer l'horreur et égarer l'opinion internationale. C'est aussi un crime que d'abattre une population civile inoffensive qui ne demande qu'à vivre. C'est également un crime d'exaspérer les passions en s'obstinant à donner l'odieux leitmotiv de l'autodéfense, de la légitime défense et du droit à la sécurité rabâché dans tous les discours de l'occident. Ce n'est point sans surprise et sans scandale que l'on remarque le peu d'accord qui règne entre les différentes factions palestiniennes qui même en temps de guerre n'arrivent pas à laisser de côté leur différend pour faire face à l'insidieuse attitude israélienne. Quelque important que soit ce différend, les Palestiniens sont condamnés à s'unir devant cette guerre injuste voire criminelle imposée à un peuple désarmé. Sinon que faut-il attendre de cette population privée de tout sauf de sa détermination et pour qui la paix ne veut rien dire et pour qui l'avenir n'a aucun sens ?