Six jours après son accession à la présidence des Etats-Unis, Barack Obama a, enfin, pris l'initiative d'un appel téléphonique à Nicolas Sarkozy . Crise économique, Guantanamo , Proche-Orient, Afghanistan , en langage diplomatique on appelle cela un large tour d'horizon. Et ce n'est pas ce qui restera donc à retenir de cette conversation dont l'Elysée a précisé qu'elle avait duré une demi-heure. Trente minutes, c'est long pour un coup de fil, mais un peu court pour une conversation téléphonique sérieuse et approfondie sur autant de sujets. C'est donc, comme il arrive fréquemment en politique étrangère, la forme, ou plutôt les formes qui importent ici, plus que le fond des discussions qu'ont pu avoir les deux chefs d'Etat. Ce n'est pas un mystère que Nicolas Sarkozy attendait avec impatience que Barack Obama lui fasse signe. Il faut dire qu'il y avait mis du sien : en septembre, au moment de l'Assemblée générale de l'ONU, le président français avait voulu aller saluer à Chicago celui qui, à un mois et demi de l'élection du 4 novembre, était en tête dans les sondages. Rendez-vous manqué, le candidat démocrate préférait se consacrer entièrement à sa campagne. Pourtant, on ne peut pas dire que Barack Obama ait manifesté à son collègue français le retour d'empressement que celui-ci pouvait espérer. Certes, compte tenu de l'urgence de la situation à Gaza, il n'est pas anormal que les premiers coups de fil d'Obama aient été destinés à l'israélien Olmert et au palestinien Mahmoud Abbas. Mais après ce premier round, ce n'est pas à l'Elysée, mais d'abord à Downing Street et donc au britannique Gordon Brown, puis au Premier ministre canadien, qu'Obama a téléphoné. Et c'est seulement une semaine, ou presque, après être devenu président qu'il a décroché son téléphone pour appeler Angela Merkel, Dimitri Medvedev, et enfin Nicolas Sarkozy. Le président français devrait-il s'offusquer pour autant d'avoir fait partie de la troisième fournée, en même temps que la chancelière d'Allemagne et surtout que le président russe, qui ne joue tout de même pas exactement dans le même camp que la France, l'Allemagne ou la Grande-Bretagne ? Certainement pas. Obama est arrivé, et remet les choses à leur place. Quoi qu'en aient pensé ceux qui voient encore en lui un élu à part, une sorte de président universel, sacralisé tout à la fois par ses origines et par le plébiscite mondial dont il a été l'objet en même temps qu'il recevait l'onction démocratique du peuple américain, le 4 novembre, il est d'abord le président des Etats-Unis. Un grand pays, prisonnier comme tous les autres de la géopolitique, de ses priorités, de ses pesanteurs, ses alliances. Au fait, avez-vous remarqué que pas une fois dans son discours d'inauguration, Barack Obama n'a cité le mot Europe ? Alors, vous pensez, la France dans tout cela !