Le Temps-Agences - Le président soudanais Omar el-Béchir a sommé hier les ONG, Casques bleus et diplomates de se plier aux lois soudanaises sous peine d'expulsion, lors de sa première visite au Darfour depuis la délivrance d'un mandat d'arrêt contre sa personne. "J'ai un message pour toutes les missions diplomatiques présentes au Soudan, les organisations non gouvernementales (ONG) et les Casques bleus. Ils doivent respecter les lois locales sinon ils seront expulsés du pays sur le champ", a déclaré le président devant des milliers de personnes. Omar el-Béchir effectuait une visite éclair à El-Facher, capitale historique du Darfour, quatre jours seulement après le mandat d'arrêt émis contre lui par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes dans cette région de l'ouest soudanais en proie depuis 2003 à la guerre civile. Il a fait le trajet entre l'aéroport d'El-Facher et le centre-ville debout à l'arrière d'une jeep, en saluant la foule nombreuse qui brandissait ses photos, agitait des drapeaux soudanais, scandait le nom du président et conspuait les Etats-Unis et le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo. Khartoum a immédiatement répliqué à la décision de la CPI en expulsant 13 ONG internationales responsables de la distribution alimentaire, de l'accès à l'eau potable et des soins de santé pour plus d'un million de personnes déplacées par les violences au Darfour. Les pays occidentaux "nous ont dit que si nous permettions aux ONG de poursuivre leur travail, la décision de la CPI allait être suspendue. Mais nous avons refusé", a affirmé le président soudanais, qui est rentré à Khartoum en fin de journée. Les autorités soudanaises ont indiqué qu'elles allaient prendre le relais à la suite du départ des ONG. "Nous allons combler le vide", a assuré le président Béchir, sans autre précision. "Ce n'est pas possible, dans un délai raisonnable, de remplacer la capacité et l'expertise que ces ONG ont fournies sur une longue période", avaient averti auparavant les agences de l'ONU au Soudan. Omar el-Béchir, 65 ans, tente de rallier l'appui de l'ensemble de la population soudanaise dans son bras de fer contre la justice internationale sur le thème de la lutte contre le "néo-colonialisme" occidental. Avant le discours du président soudanais, des personnalités darfouries favorables à Khartoum ont pris la parole, invitant la population à soutenir le président, jouant notamment la carte tribale. "Les Zaghawas pour le président", a résumé un orateur. La tribu zaghawa est l'une tribus influentes au Darfour. Le chef des rebelles du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), Khalil Ibrahim, provient de ce lignage. La force de maintien de la paix ONU-Union africaine (Minuad) a pour mandat de surveiller la mise en oeuvre d'un accord de paix intervenu en 2006 entre Khartoum et l'un des nombreux groupes rebelles du Darfour, la faction de l'Armée de libération du Soudan (SLA) de Minni Minnawi, un Zaghawa du Darfour aujourd'hui allié du président Béchir.