L'ONAS s'apprête à construire une station relais de pompage, à la Chebba, sur un terrain connu sous le nom d'Elfassaguia (les citernes). Cet endroit lui a été concédé par le conseil municipal actuel malgré l'opposition des riverains. En effet, dernièrement, les habitants dont les maisons ceignent cet espace se sont attroupés et ont empêché les engins de continuer les travaux de fondation. Depuis, l'ONAS continue d'étendre le réseau entre l'avenue Bourguiba et la rue d'ibn Eljazzar. Auparavant, les citoyens qui pressentent qu'ils souffriront des odeurs nauséabondes, des moustiques et des bruits foudroyants incessants une fois la station installée s'étaient exprimés par le biais de trois pétitions. Par ailleurs, ils avaient supplié les conseillers municipaux lors des conseils périodiques de renoncer à ce projet "intrus et indésirable". En revanche, les autorités municipales continuaient de faire l'oreille sourde face à la détermination des riverains de continuer leur bataille par tous les moyens légaux et légitimes. Plusieurs témoignages affirment que la municipalité s'est livrée à un acte de provocation et d'humiliation. En effet, malgré la disponibilité d'endroits plus neutres tels que la fourrière et d'autres terrains nus, elle a tenu à décaler l'édifice projeté pour le blottir contre les maisons des habitants qui avaient vu naître leurs parents et leurs grands parents. Pour justifier leur choix, certains conseillers contactés soutiennent qu'on vise à "garder la valeur de la parcelle restante".Par contre, les riverains, s'estimant lésés, répliquent que "les décideurs locaux ont fait preuve de partialité et d'injustice. Ceux-ci avaient fait tous leurs calculs pour éloigner la gêne de certains jugés influents mais pour amasser les désagréments au nez des gens dont on attend la résignation." Très ému, l'un des habitants déclare que cet endroit est très cher aux riverains qui y voient non seulement un patrimoine matériel local, mais également tout un symbole culturel et passionnel indissociable de leur histoire. En fait, Elfassaguia était la principale source d'eau potable depuis le début du siècle dernier. Par ailleurs, la zone environnante s'appelle Houmet Elfassaguia (la cité des citernes). D'ailleurs, avant d'avoir donné des noms aux rues, toutes les lettres envoyées ou reçues portaient l'adresse suivante : Houmet Elfassaguia en arabe ou en français. Certes, les habitants mécontents se réjouissent des projets qui s'ajoutent dans leur ville et admettent la nécessité technique de ce relais des eaux usées, mais, ils protestent vivement contre la vision mercantiliste au détriment de la dimension sociale.