Le Temps-Agences - Le représentant de la diplomatie européenne Javier Solana a entamé à Beyrouth une visite au Proche-Orient qui le mène également en Arabie saoudite, puis en Syrie où il espère obtenir un "changement d'attitude" des autorités. "J'aurai en Syrie des discussions franches et cordiales (...) pour voir si nous pouvons obtenir un changement d'attitude qui permettrait de renouer de bonnes relations" entre Damas et l'Union européenne, a-t-il affirmé après un entretien avec le Premier ministre libanais, Fouad Siniora. M. Solana a indiqué qu'il soulèverait en Syrie la question du tribunal international chargé de juger les meurtriers de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, assassiné à Beyrouth en février 2005. La majorité parlementaire antisyrienne accuse l'opposition de bloquer l'entérinement par le Liban de ce tribunal sur les instigations de la Syrie, pointée du doigt par une commission d'enquête internationale. Il a également indiqué qu'il aborderait "avec le président syrien Bachar Al-Assad la question de la contrebande d'armes" vers le Liban via la Syrie. Outre M. Siniora, M. Solana a rencontré au Liban le président du Parlement, Nabih Berri, allié du Hezbollah qui mène l'opposition au gouvernement de M. Siniora, soutenu par l'Occident, ainsi que le chef de la majorité parlementaire antisyrienne, Saâd Hariri. L'étape syrienne, prévue aujourd'hui, est de loin la plus importante, puisqu'il s'agit de la première visite de M. Solana à Damas depuis l'attentat contre Rafic Hariri dans lequel des responsables syriens ont été mis en cause. A Damas, M. Solana essaiera de faire valoir les avantages qu'aurait la Syrie à jouer un rôle "constructif" , selon une source diplomatique européenne à Bruxelles. "J'ai un mandat (des 27 Etats membres de l'UE) pour ce voyage, y compris en Syrie, pour leur dire que nous voulons qu'ils travaillent avec nous et avec la communauté internationale, en particulier sur le Liban", a-t-il déclaré. Il veut convaincre Damas de pousser l'opposition libanaise à approuver la création du tribunal international sur l'assassinat de Rafic Hariri. "Les Américains ont ouvert la brèche, les Européens s'y sont engouffrés", écrivait le quotidien pro-syrien As-Safir, en allusion à la conférence internationale, le 10 mars à Bagdad, qui a regroupé notamment les Etats-Unis et la Syrie. La majorité parlementaire antisyrienne a accusé à maintes reprises Damas de vouloir empêcher la ratification du projet de tribunal, préparé par l'ONU et approuvé par le gouvernement Siniora. Cette ratification doit se faire dans un premier temps au Parlement, que son président Nabih Berri refuse de convoquer. Pour M. Berri, le gouvernement Siniora est illégitime depuis la démission à la mi-novembre de six ministres pro-syriens, détonateur de la crise politique qui paralyse le pays. Le Premier ministre français Dominique de Villepin a justifié avant-hier le nouveau soutien de la France à la visite à Damas du diplomate en chef de Javier Solana, estimant que cela permettait un "dialogue organisé, maîtrisé et responsable". Début août 2006, le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, avait mis un veto à un premier projet de déplacement de M. Solana à Damas en déclarant qu'il n'était "ni d'actualité, ni souhaitable". M. Solana avait alors décidé d'annuler son voyage.