Colère, frustration et indignation, voilà ce que ressentent les Palestiniens, les Arabes et les Musulmans après l'assaut sanglant de l'armée israélienne contre " la flottille de la liberté ", qui acheminait de l'aide humanitaire à la bande de Gaza et censée briser le blocus inhumain imposé à 1,5 million de Palestiniens. Ce sentiment est partagé par tous les hommes épris de paix et de justice, les humanitaires, les pacifistes israéliens et également par des Juifs qui se soucient des intérêts d'Israël et de son avenir dans la région. " Nous sommes en train de devenir les pestiférés du monde entier avec cette opération ", déplore l'intellectuel israélien Amos Oz. Il n'est pas le seul à le penser et la presse israélienne tirait hier à boulets rouges sur la " bande " de politiciens au pouvoir à Tel-Aviv. Pour elle, l'opération est un fiasco total qui aura de graves répercussions sur l'image d'Israël, dans le monde, sur la suite du processus de paix et surtout sur des relations avec certains pays de la région, principalement, la Turquie. Ce pays, jadis principal allié d'Israël dans la région, est en passe de devenir son principal adversaire et le premier à dénoncer sa politique agressive et expansionniste. A vrai dire, la crise était latente entre les deux pays. Les atrocités de l'agression contre Gaza et la courageuse réaction turque au milieu d'un silence international complice annonçait le début d'une relation tumultueuse vouée à une inéluctable dégradation. L'affaire de " la flottille de la liberté " est peut-être, le coup de grâce porté à l'amitié israélo-turque et laisse présager une rupture des relations diplomatiques ainsi que la fin d'une coopération axée essentiellement sur le plan militaire. Ceci est de nature à accentuer l'isolement israélien dans la région et à renforcer ce qu'Israël redoute le plus, un plus fort rapprochement entre Ankara, Téhéran et Damas. Ce qui est sûr c'est que la Turquie est en train d'acquérir un rôle de leadership régional et de devenir le symbole de la solidarité avec les Palestiniens. Il est encore tôt de prédire les retombées de l'affaire sur la classe politique israélienne, mais il est certain qu'Israël est en train de perdre la sympathie de l'opinion internationale et de faire preuve d'une myopie politique qui frise la naïveté. Ce qui fait dire au journal israélien Maâriv : " En ces temps difficiles, nous n'avons pas de Premier ministre, ni un ministre des Affaires étrangères, mais un gouvernement, composé dans sa majorité de ministres minables et inutiles ".