De Hatem Belhaj - Les « trop » nombreux analystes politiques s'accordaient à remarquer que l'ancien gouvernement provisoire de M. Ghannouchi avait un déficit de communication qui a contribué à sa « fragilité ». La leçon semble avoir été retenue par le deuxième mais aussi provisoire gouvernement puisque, M. Mbazzâ et M. Caïed Essebsi, respectivement anciens ministres de Bourguiba et chefs de l'exécutif postrévolutionnaire, ont soigné leur com. Le premier en usant du « buzz » sur la toile avec l'allure décontractée d'avant discours où il plaisantait avec les photographes dépêchés au palais de Carthage désacralisé depuis la démission de Ghannouchi. Une vidéo, soi-disant off, circule sur facebook, le désormais Agora de la Tunisie libre, pour cibler la majorité silencieuse et les minorités bruyantes. On a même vu sur les images l'un des deux patrons de l'agence publicitaire des frères Karoui et aussi l'un des actionnaires de la chaîne de télé privée Nessma, Ghazi Karoui, organiser cette grande messe. En plus, si on recoupe avec l'autre « buzz facebook » qui annonçait, même avant la publication de la liste des nouveaux ministres, la nomination de Moez Sinaoui, chargé jusqu'ici de la com à Nessma TV, en tant que « monsieur communication » du gouvernement de M. Caïed Essebsi, on déduit que ce dernier fait sa « réclame » et soigne son image. Quant au nouveau Premier ministre, il a déclenché sa conquête de l'opinion bien avant sa nomination. Sa longue interview sur Nessma TV et sa diffusion massive sur internet l'avaient remis sur la scène politique juste après la révolution. Ceci lui a peut-être mis un pied à l'étrier. Visiblement, les observateurs, même ceux invités sur la plus crédible des chaînes d'infos Al Jazira, confirment l'influence naissante du pool communication sur le cœur du pouvoir, certes provisoire. La première conférence de presse de M. Béji Caïed Essebsi n'a presque rien laissé au hasard. Il a fait du « story telling » mais il a surtout dit ce que les gens voulaient entendre. Bref, ses « spin doctors » ont « vendu » son projet à la masse, en attendant les résultats. La nouvelle équipe dirigeante, en se faisant coacher par des publicitaires et des patrons d'une télé privée, copie des recettes efficaces dans des démocraties occidentales aguerries. Mais pour notre démocratie naissante, comment éviter certains risques comme les conflits d'intérêts ou encore les délits d'initiés ?