Il aurait pu échapper au sort misérable qu'il s'est lui-même choisi et aurait pu éviter une sortie humiliante de la vie politique. Laurent Gbagbo, président sortant de la Côte d'Ivoire, car, c'est de lui qu'il s'agit, a été arrêté hier, à Abidjan, comme un vulgaire malfrat par les forces de son rival Alessane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale, à l'issue de la présidentielle de novembre 2010. Laurent Gbagbo aurait, au contraire, pu quitter dignement s'il s'est conformé au verdict des urnes et serait parti auréolé du statut d'opposant historique au règne de Félix Houphouet-Boigny et de militant pour le multipartisme dans son pays. La Côte d'Ivoire n'aurait sûrement pas basculé dans la spirale de la violence, des affrontements armés, des massacres et de l'exode des populations si M. Gbagbo avait respecté les principes démocratiques qui lui ont permis d'accéder à la magistrature suprême. En tout cas Laurent Gbagbo a eu la fin qu'il mérite pour avoir méprisé la volonté de son peuple et défié la communauté internationale. L'essentiel, aujourd'hui, pour la Côte d'Ivoire est de s'engager avec sérieux sur la voie de la réconciliation nationale et de s'atteler à asseoir les bases de la démocratie et à reconstruire le pays, laissant à la justice le soin de statuer sur le cas de cet ex-président mis en cause dans des crimes contre l'humanité et autres atrocités. Cette fin peu glorieuse doit évidemment servir d'exemple et interpeller plus d'un gouvernant adepte de la devise : j'y suis, j'y reste. Car, comme l'a affirmé Mme Clinton : « l'arrestation de Gbagbo envoie un signal fort à tous les dictateurs qu'ils ne peuvent mépriser en toute impunité la voix de leurs peuples ». Les exemples sont forts nombreux et la Révolution tunisienne a ouvert la voie aux peuples opprimés dans les quatre coins du monde, pour revendiquer avec force leurs droits légitimes.