La Fédération Mondiale des Organisations des Ingénieurs (FMOI) a organisé les 6, 7 et 8 juin 2007, à Gammarth, une conférence internationale sur « Le renforcement de la place de la femme dans l'ingénierie et la technologie ». A cette occasion, nous avons invité le président de la FMOI, M. Kamel Ayadi, pour nous parler des travaux de cette conférence et de ses décisions. Interview.
• Le Temps : Quelles sont vos impressions sur les travaux de cette conférence et sur ses résultats ? -M.Kamel Ayadi : De l'avis de tous, cette conférence est une réussite pour la Tunisie et pour la Fédération Mondiale des Organisations des Ingénieurs (FMOI). Cette conférence a donné la meilleure image de la Tunisie. Les participants ont pu constater que la femme tunisienne est présente dans tous les secteurs et qu'elle occupe une place importante. A l'ouverture des travaux, le Premier ministre a donné quelques chiffres qui ont impressionné l'assistance. • Par exemple... -En ingénierie, 40% des diplômés sont des filles. En pharmacie, ce pourcentage atteint les 72%. L'impression générale sur la Tunisie conforte l'approche de la FMOI concernant son choix pour abriter cette conférence. • Quelles sont, d'après-vous, les indicateurs de réussite de cette conférence ? -C'est d'avoir réussi à rassembler des femmes leaders des organisations agissant dans le domaine de la science, de la technologie, de l'ingénierie et du genre. Les rassembler au-delà des clivages sous les auspices de la FMOI et de les convaincre à trouver une plate-forme de travail et de les persuader de conjuguer leurs efforts pour mettre au point des programmes communs pour renforcer la place de la femme dans l'ingénierie et la technologie est une performance. L'autre indicateur c'est d'avoir réussi à unifier la perception de cette problématique qui n'est pas aussi évidente pour les uns et pour les autres. • C'est-à-dire ? -Pour certains, le renforcement de la place des femmes dans l'ingénierie et les technologies doit être considéré comme une priorité, pour d'autres, cette question est reléguée au second plan. La conférence a réussi à mettre d'accord tous les participants sur le fait de considérer cette question comme une priorité et une urgence et sur la nécessité de l'inscrire sur l'agenda de la FMOI, des organisations internationales et des gouvernements. Cela constitue une première parce qu'il a fallu trouver un consensus pour unifier les différentes approches. • A la fin des travaux les participants ont adopté la Déclaration de Carthage. Quelles en sont les points forts ? -L'adoption de cette Déclaration reflète ce consensus qui constitue une plate-forme de travail. Cette Déclaration appelle à la création d'un Centre international pour la femme dans l'ingénierie et la technologie. • Quel pays abritera son siège ? -Plusieurs sont sur la liste dont la Tunisie. La Déclaration a été confiée au président de la FMOI afin qu'il veille à la mise en œuvre de ses recommandations dont notamment la création d'une septième commission permanente au sein de la FMOI. Elle sera chargée de la question du genre. Il y a aussi la volonté de création des organisations nationales des femmes ingénieurs dans les pays où de telles organisations n'existent pas, la mobilisation de la communauté internationale en vu de sensibiliser les gouvernements et les Nations Unies à l'égard de la question du genre afin de renforcer la présence de la femme dans l'ingénierie et la technologie. A l'occasion de cette conférence, le directeur général-adjoint de l'UNESCO a présenté pour la première fois, des études sur les indicateurs du genre. Un rapport sur l'état d'ingénierie et de la technologie dans le monde sera réalisé par un panel dont la présidence a été confiée au président de la FMOI et au directeur général-adjoint de l'UNESCO, 25% de ce rapport sera réservé à la question de la femme dans l'ingénierie et la technologie. A l'occasion de la clôture de la conférence nous avons annoncé le lancement pour la première fois du concours pour l'obtention du prix d'honneur Osmane Mounif Aïdi qui récompense le meilleur travail d'ingénieur dans le domaine de l'environnement. Interview réalisée par :