Le Temps-Agences - L'armée yéménite a bombardé hier des positions des combattants islamistes qui se sont emparés de Zinjibar, une ville côtière dans le Sud, et tiré la veille à balles réelles sur des manifestants qui défilaient contre le président Ali Abdallah Saleh à Taëz. Six militaires ont péri dans une embuscade près de Zinjibar et le bilan de la répression à Taëz, au sud de Sanaa, s'élève à 15 morts au moins, selon des sources médicales. La situation reste tendue dans la capitale où la trêve semble toutefois tenir entre les forces loyales au président, au pouvoir depuis près de trente-trois ans, et les membres de puissante fédération tribale des Hached ralliée à l'opposition, après une semaine de violents combats qui ont fait 115 morts. Taëz, fief de la contestation qui secoue le pays depuis le mois de janvier, a en revanche été de nouveau le théâtre d'une violente répression des forces de sécurité. Les soldats ont ouvert le feu sur des manifestants réunis pour réclamer la libération d'un des leurs arrêté la veille, rapportent des témoins. Il y a des centaines de blessés, la plupart par balles, mais certains aussi renversés par des bulldozers, a-t-on appris auprès des hôpitaux. De nouveaux rassemblements étaient prévus hier dans cette ville située à 200 km au sud de Sanaa, où les militaires ont incendié les tentes installées sur la "place de la Liberté" par les manifestants et interpellent des dizaines d'habitants. "Les forces de sécurité ont bouclé les points d'entrée dans la ville et pourchassent les jeunes dans les ruelles", a déclaré une militante pro-démocratie, Bochra al Maktari. Sadik al Ahmar, le chef de la fédération tribale Hached désormais opposée au chef de l'Etat, a condamné un "nouveau massacre de Saleh" à Taëz. L'opposition accuse par ailleurs le pouvoir en place d'avoir laissé Zinjibar, à une cinquantaine de kilomètres à l'est d'Aden, tomber aux mains d'islamistes afin de susciter des craintes dans la région et de conserver le soutien des puissances régionales, Arabie saoudite en tête, visées par Al Qaïda. La ville est contrôlée depuis plusieurs jours par des centaines de combattants affiliés à Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Les habitants de Zinjibar rapportent que l'électricité et l'eau courante ont été coupées et que de nombreux civils fuient vers les villes voisines.