Les médecins et les pharmaciens hospitalo-universitaires ont manifesté leur mécontentement ces derniers temps par le port du brassard rouge les 18 et 19 juin et l'exécution hier d'une grève des soins non urgents. Ce corps des « Seniors » ne cesse de se déclarer plongé dans une situation qui risque de dévaloriser la fonction hospitalo-universitaire. Ils réclament : « 1. De rattraper la dégradation de leur pouvoir d'achat par la revalorisation de leurs primes spécifiques (prime d'encadrement et recherche ; indemnités de garde ; indemnités de jury). 2. L'amélioration des conditions de travail. 3. La mise à niveau du secteur public de la santé par des mesures concrètes. ». D'ailleurs, 11 réunions entre les représentants du ministère de la Santé publique et le syndicat général des médecins et pharmaciens hospitalo-universitaires, dont trois en présence du ministre n'ont pas permis de résoudre ce différend. Selon certaines sources, un différend sur une enveloppe de 160.000 dinars bloque les négociations ! Rappelons qu'un premier mot d'ordre de grève a été lancé pour le 5 juillet 2006 mais il a été, ensuite, annulé pour permettre aux négociations de débloquer la situation.
Du côté du ministère de la Santé : « l'administration ne peut pas déroger aux accords passés entre le gouvernement et l'UGTT » Naceur Masrouki affirme : « Il faut d'emblée préciser que l'accord passé entre le gouvernement et l'UGTT stipule clairement que toute réclamation qui a des répercussions financières est reportée au prochain round des négociations sociales. Malgré cela, et en signe de bonne volonté, le ministère a accepté de négocier à la hausse quelques indemnités que ce corps perçoit pour les concours de résidanat, de professorat, de MCA/AHU et des examens de fin de spécialité. Cette révision ne doit pas sortir toutefois du cadre général d'indemnisation dans la fonction publique dont ils font partie. Nous avons, par contre, refusé de débattre de la prime d'encadrement et de recherche qui est un élément intégral de leur salaire. Or, et malgré les efforts déployés, ils se sont obstinés à maintenir leur mot d'ordre de grève. Pour ce qui est du taux de suivi de la grève, nous ne disposons pas encore de chiffres globaux de toute la République. »
Du côté du syndicat, Khalil Ezzaouia, SG : « nous avons trop attendu. L'administration nous a acculés à réaliser cette grève qui a été suivie à plus de 90% »
« La grève a été largement suivie partout. Elle a dépassé les 90 % à Tunis, Sfax, Mahdia et Monastir. Le taux de suivi a été légèrement inférieur à Sousse. Cette mobilisation donne une réponse claire à l'administration qui ne veut pas assumer son rôle de premier responsable pour rénover le matériel, subvenir aux besoins de la recherche, assurer les ratios adéquats de la prise en charge des malades, garantir de bonnes conditions d'encadrement des internes et des résidents et, bien sûr, maintenir notre niveau de vie. D'ailleurs, je tiens à préciser que nous avons beaucoup patienté et que nous avons fait preuve de beaucoup de souplesse. C'est plutôt l'obstination de l'administration qui nous a acculé à la grève. »