• Un journaliste et un avocat rudement tabassés • Les commerçants de la Médina crient leur ras-le-bol des manifestations Le sit-in de la Kasbah3, préparé par des centaines de jeunes depuis des semaines, a finalement eu lieu comme prévu ce vendredi 15 juillet 2011. Un dispositif policier très important a été mis en place : la Kasbah a été encerclée par trois étages de fils barbelés ; une quinzaine de fourgons de police ainsi que quelques bus stationnaient également aux alentours. Deux jours plus tôt, le syndicat des forces de l'ordre avait par ailleurs soutenu ce sit-in mais le même scénario de la répression s'est reproduit pour la énième fois. Vers 11 heures du matin, les manifestants ont commencé à affluer vers la Kasbah ; l'avocat Abdel Wahab Matar, dirigeant au sein du parti le Congrès pour la République y était déjà. Il se fait aborder par 8 policiers en civil. L'appelant par son nom, il se retourne et reconnait ses anciens persécuteurs du temps du président déchu. On le somme de quitter les lieux mais il refuse. Les policiers commencent à l'insulter et s'abattent sur lui : coups de brodequins, bâton sur le flanc. Un journaliste, Asaad Mahmoudi, subit le même sort mais dans le bus des policiers. Ainsi, un représentant du corps de la justice et un autre du média se sont fait rudement réprimés outre les autres manifestants et activistes-blogueurs qui se sont fait insulter voire tabasser dans les ruelles de la Médina de Tunis. Pourtant, la manifestation avait commencé d'une manière pacifique, des roses ont été distribuées aux policiers et l'ambiance était calme. Plusieurs mères de martyrs étaient présentes, entre autres la mère de Helmi Manai, tué la nuit du 13 janvier 2011 vers 19h à Bab El Khadhra. Elle était là pour faire porter sa voix au peuple, lasse des procédures judiciaires qui peinent encore à révéler les meurtriers de son fils âgé d'à peine 21 ans. Vers 13h30, on était derrière les policiers, observant la manifestation ; subitement un cocktail Molotov s'abat sur nous. Les policiers, munis de matraques et de gros bâtons ripostent de suite avec des bombes de gaz lacrymogène. Tout le monde commence à courir dans tous les sens De l'autre côté de la Médina, près de la mosquée Zitouna, on a retrouvé le chef du parti Al Majd Abdel Wahab El Hani qui discutaient avec les gens. Les commerçants criaient et ne laissaient pas le politicien parler : « Assez de manifestations, on veut travailler ! Allez manifestez ailleurs, y a plus de touristes ici, on veut manger et faire vivre nos familles !» Prenant contact avec le Président du syndicat des forces de l'ordre Abdel Hamid Jarrey, ce dernier nous répond avec une voix attristée « Ce qui s'est passé ne nous honore pas, les policiers ont exécuté des ordres… »