Il est tout à fait légitime que toute personne ait droit à un avocat pour assurer sa défense et protéger ses intérêts. Toutefois, l'avocat de Ben Ali, Maùître Akram Azoury, constitué depuis l'étranger, semble méconnaître aussi bien la procédure en cette matière que les circonstances bien particulières suite auxquelles son client a été juridiquement poursuivi. Deux points donc qu'on peut opposer au défenseur du président déchu, l'un concernant la procédure, l'autre concernant le fond. 1) C'est une règle intangible, qu'un avocat appartenant à un barreau étranger, ne peut postuler, que par l'intermédiaire d'un avocat inscrit au tableau du barreau national. Il ne peut donc exercer aucune action devant les tribunaux tunisiens au nom de son client, et es qualité. 2) Quant à l'action qu'il compte présenter devant le comité des droits de l'Homme de Genève, elle ne peut aboutir, pour les raisons suivantes : -conformément au Protocole facultatif, le comité examine les communications de tous ceux qui prétendent avoir été victimes d'une violation d'un des droits énoncés dans le Pacte. S'agit-il en l'occurrence d'une violation d'un des droits énoncés dans le Pacte ? Vraisemblablement pas, d'autant plus qu'il s'agit de biens mal acquis tel qu'il a été établi suite à l'enquête qui a été faite par la commission d'investigation sur la corruption et les malversations. C'est à Ben Ali d'être poursuivi entre autres devant ce comité, pour les multiples violations des droits de l'Homme qu'il a commises. Quant à la procédure de confiscation, contestée par le même avocat car prise avant l'entrée en vigueur du décret-loi, cela reste à vérifier. Mais quand bien même, le serait-elle, qu'elle est légitime car décidée par le gouvernement provisoire, intervenu pour régulariser une situation où les droits de l'Homme ont été longtemps violés par un dictateur mafieux et qui ne s'intéressait nullement à l'intérêt du peuple. En outre, l'intéressé a fui le pays, sans aucune autre forme de procès, et cela est en soi, un indice de mauvaise foi. Le même gouvernement n'a pas permis, des abus ou des débordements au nom de la Révolution. Le 14 janvier, certaines villas appartenant à la famille de Ben Ali, ont été saccagées. Mais le gouvernement provisoire est intervenu pour procéder aux investigations nécessaires pour remettre de l'ordre et protéger les biens privés et publics. C'est bien de défendre les droits de l'homme, mais il ne faut pas que cela soit un prétexte pour noyer le poisson. Me Azoury ignore-t-il que son client chassé à coups de « dégage » n'a pas osé affronter la Justice, pour se défendre lui-même ? La veille, pour se justifier, il n'a rien trouvé à dire sauf : « cessez les tirs, cela est inadmissible et illogique ! » Il fallait lire entre les lignes, pour comprendre qu'il avait préalablement donné l'ordre de tirer. Cela a été d'ailleurs confirmé par l'ex premier ministre Mohamed Ghannouchi, qui dernièrement,lors d'une interview accordée à la chaîne nationale, a affirmé, sidéré, que Ben Ali lui aurait confié qu'il donnera l'ordre de faire feu sans sommation sur les manifestants. Ce qui aurait laissé mille morts. Comment ose-t-il après tout ce qui s'est passé parler de droits de l'Homme, qu'il n'a du reste, jamais respectés durant ses 23 ans de pouvoir. Alors de grâce, maître Azoury, un peu de pudeur, et surtout un peu de respect pour les martyrs de la Révolution.