• L'ODC appelle au boycott de la viande rouge L'Organisation de Défense du Consommateur (ODC) voit rouge… A cause de la viande rouge, dont les prix n'ont pas été maîtrisés, malgré la récente parade gouvernementale. L'ODC voit aussi rouge… A cause justement aussi de cette parade à laquelle elle n'a pas été associée. Pour des raisons dites évidentes du côté opposé. Et l'on a entendu dire sur plus d'un plateau, que l'ODC n'était pas encore au meilleur de sa santé. Et qu'elle cherchait à se remettre sur le bon pied après avoir longtemps perdu les pieds. Et servi de simple instrument décoratif et « embellissant » la situation de la Tunisie post-révolution… L'ODC lance un appel au boycott de la viande rouge pour trois jours (les 25, 26 et 27 mars courant). C'est comme on sait, l'objet principal de la conférence de presse tenue vendredi dernier au siège de l'organisation (avenue de la liberté, à la limite de la Place Pasteur). Conférence ayant connu un succès médiatique considérable. Boycott et bienfaits à optimiser Cela dit, question. Trois jours de boycott suffiraient-ils pour freiner la flambée des prix de cette denrée ? Parce que les bouchers et surtout les maillons de la chaîne visés, situés entre la ferme et la boucherie du quartier, pourraient prendre le devant et s'éviter la mévente et ses désagréments, en prenant de l'air et en chômant, pendant les trois journées d'abstention. Et sitôt l'orage passé et la « peine » exécutée, on dirait rebonjour la galerie ! Et, rebelote la supercherie ! Pour éviter cet éventuel coup d'épée dans l'eau, l'on gagnerait plutôt à inciter au boycott pour une durée ouverte et aussi longtemps que les prix ne se seraient pas « assagis ». L'on devrait s'attendre à cet égard, à ce que le consommateur se rabatte, pendant les trois journées programmées, sur la viande blanche. Et ça serait alors bonjour les dégâts pour les nouveaux « votants » de la liste blanche. Et, c'est pour cela qu'on devrait, au préalable, veiller à plafonner les tarifs de la variété de viandes blanches (poulets, dindes, lapins, etc…). L'on est tenté de comparer cette situation, à l'exemple de la villa protégée par le fer forgé. Il suffirait, dans ce cas là, de négliger les barreaux de la fenêtre de la cuisine, par exemple, pour que tout le système classique de sécurité tombe à l'eau et que tous les compartiments de la maison soient perméables à toute intrusion. Ouvrir grands les yeux, avant d'importer Au sujet de la viande ro uge, nous avons eu à discuter à bâtons rompus avec M. Khaled Zarrouk, membre du comité exécutif de l'ODC et aussi vétérinaire et figure familière au tunisien qui nous sort, à la radio et au petit écran, à l'occasion de l'Aïd El Kébir, pour nous « gaver » avec son entrain coutumier, de ses conseils pratiques précieux sur l'hygiène alimentaire à suivre et la façon idoine à adopter avec le mouton de l'Aïd. Notre interlocuteur tire d'emblée la sonnette d'alarme et attire l'attention des pouvoirs publics, avec verve sur la nécessité de prendre le maximum de précautions, dans ses démarches d'importation des contingents de viande rouge aussi bien réfrigérée que congelée, oscillant entre trente et soixante tonnes pour chaque arrivage. La santé n'a pas de prix Le même spécialiste insiste sur la nécessité absolue de faire accompagner les stocks de viande rouge devant atterrir chez nous, par des vétérinaires tunisiens, représentant le ministère de l'Agriculture et celui de la Santé publique. Cela, pour optimiser le contrôle sanitaire et le contrôle de la qualité, dès le point de départ. « La santé n'a pas de prix, insiste-t-il. Pour préserver notre santé, il faudrait mettre le paquet… Les frais consentis par ces déplacements finiraient par rejaillir favorablement sur nos dépenses de santé à la fois à l'échelle micro et à l'échelle macro. D'une pierre… deux coups Ceci pour nos besoins à court terme et urgents, nous dit-on, pour les importations programmées pour le moyen terme, il serait tout indiqué, par contre, de miser sur l'importation de bêtes vivantes, qui répondrait le mieux aux impératifs d'hygiène et de santé. Cette formule offrirait en plus des possibilités d'emploi dans l'élevage pour des contingents de jeunes, dans les zones déshéritées. Abattoir hors normes, à révolutionner ! Le grand ami du mouton soulève enfin le grave problème affèrent au lieu d'abattage du bœuf et du mouton. « Les cent vingt principaux abattoirs disséminés dans le pays sont, dit-il inappropriés. Et les normes visuelles d'hygiène n'y sont pas du tout respectées. Et, si les consommateurs les plus friands du « rosbif » saignant s'avisaient un jour de visiter ces lieux, infectes répugnants ils n'hésiteraient pas un instant à boycotter automatiquement la viande si mal « traitée ». Et n'attendraient guère que l'ODC veuille bien le leur demander. Justement, l'on compte sur la révolution pour révolutionner et désinfecter ces lieux inadaptés et préserver sérieusement notre santé. Cela dit, et au final, le boycott des produits, aux prix galopants, est une culture à ancrer et à consolider au sein de notre société. Et grâce à un réflexe aiguisé, il devient aisé de nous prémunir contre les magouilles et la cupidité de la faune de margoulins invétérés. D'ailleurs, ailleurs, à l'Occident, ce genre de déclic se fait souvent spontanément et sans encadrement ni orientation. Chez nous, on est au commencement. Bonne initiative donc de notre organisation, force motrice du mouvement. En attendant que le consommateur aille, au besoin, dans le sens de l'obtention, lui aussi, spontanément, sans canalisation.