Mon éditeur tunisien a rempli ma petite valise-cabine d'exemplaires de mon dernier ouvrage paru récemment en arabe aux Editions Mohamed hammi-At-Tanouir (Avons-nous jamais lu le Coran…), à charge pour moi de me faire agent de commerce et d'en offrir à quelques bons libraires, histoire de les allécher et les convaincre de me « vendre «. J'ai accepté, à contre-coeur, de faire ce boulot de représentant qui ne me sied guère, me suis-je dit, mais qui pourrait aider à promouvoir l'idée, même si c'est au prix d'un moche mélange du genre. Je me suis renseigné pour avoir l'adresse de l'une des meilleures librairies, du centre ville de préférence, et demandé de voir le propriétaire en personne. Il m'a reçu fraîchement, m'a-t-il semblé, bien que je me sois présenté hôte d'une grande institution du Savoir, la prestigieuse BN de Rabat, un exemplaire en main m'apprêtant à lui en faire dédicace personnalisée. L'homme continuait à m'opposer une placidité et une froideur qui m'ont fait regretter ma démarche au départ enthousiaste. En lui annonçant mon départ avec une note de reproche pour son accueil plus que tiède, le libraire m'a rendu ma fierté et confirmé mon admiration pour ce pays où la culture et le livre gardent leur place du côté du sacré et du noble : - Mais, cher Monsieur, cet ouvrage nous l'avons depuis février dernier, et nous le vendons bien du reste… Nous l'avons commandé depuis le Salon du Livre du Caire, où vous l'avez vous-même présenté, d'ailleurs. J'y étais ! Et à mon interlocuteur de replonger dans ses bordereaux et sa comptabilité…