"Je n'échangerais Robben contre aucun autre joueur. Il fait une Coupe du Monde exceptionnelle." L'hommage de Dirk Kuyt est l'un des plus élogieux entendus au Brésil. Et si la première partie de son satisfecit trouvera sans doute des contradicteurs chez les fans de Messi, Neymar ou autres Ronaldo, la seconde fait l'unanimité. Arjen Robben est sans conteste l'un des acteurs les plus brillants de cette Coupe du Monde de la FIFA. Flamboyant depuis le début de la compétition, il est l'âme et le moteur des Pays-Bas. Le tournoi n'a pas été tendre pour les hommes de Louis van Gaal, contraints pour la troisième fois de revenir au score pour s'imposer sur le Mexique en huitièmes. Mais quand les choses se compliquent, Robben répond présent. Fer de lance des attaques oranje, il s'est jeté dans la bataille à coup de buts et de passes décisives. Le Costa Rica a sans aucun doute repéré d'où viendrait le danger lors des quarts de finale de samedi. Un danger d'autant plus grand que l'ailier du Bayern Munich goûte chaque seconde de son aventure brésilienne, comme il l'a confié à la FIFA. Il n'est donc pas prêt à laisser qui que ce soit y mettre un terme. Comment avez-vous vécu la rencontre contre le Mexique ? Un match épique ! Juste après, on n'arrivait pas à y croire. À deux ou trois minutes près, on quittait le tournoi. Et on a même évité les prolongations. Deux buts en cinq minutes... Quel retournement fantastique ! Avez-vous toujours cru en votre victoire ? Non. Pendant la première période, on a déjoué quand le Mexique avait la possession, alors qu'on avait gardé la maîtrise dans nos trois premières sorties. Il faudra qu'on améliore cet aspect face au Costa Rica. D'une façon générale, je pense qu'on était plus forts quand on avait le ballon, et ça, c'est un gros avantage. Mais ils nous ont légèrement dominés en première mi-temps. On les a trop laissés jouer. Comment l'équipe a-t-elle réussi à renverser la situation ? On a changé de dispositif à un moment, mais je pense que c'est venu des deux côtés. On voulait marquer à tout prix et à la fin, on jouait avec trois à quatre attaquants, tandis qu'eux reculaient. Je crois qu'ils ont même fait sortir leur attaquant. Ils ont joué de plus en plus bas et nous ont laissé l'initiative. On en a profité pour se créer un maximum d'occasions. Les remplaçants se sont une fois encore montrés décisifs. Après Memphis Depay, buteur en phase de poules, Klaas-Jan Huntelaar a marqué face au Mexique. Cela en dit long sur la qualité du groupe bâti par Louis van Gaal. Nous avons un grand entraîneur, qui sait exactement qui faire entrer, à quel moment et comment faire bouger les choses sur le terrain. C'est fabuleux. Klaas-Jan et Memphis ont marqué, c'est vrai, mais jusqu'ici, tous les joueurs impliqués dans les matches ont fait un boulot fantastique et ont pesé sur le résultat. C'est un atout essentiel pour gagner une Coupe du Monde. Pourquoi est-ce Huntelaar qui a tiré le penalty ? C'était la bonne décision. Il est entré en cours de jeu, il était frais et concentré. Il a une excellente technique de frappe qui lui permet de trouver le cadre aisément, même depuis le point de penalty. J'avais confiance en lui et lui était convaincu de pouvoir marquer. Vous avez joué un rôle clé dans toutes les rencontres jusqu'ici, ce qui pourrait vous valoir d'être élu meilleur joueur de la compétition. Comment vous sentez-vous en ce moment ? Je me sens bien, je suis en pleine forme, du coup je peux tout donner sur le terrain. Je m'amuse beaucoup et je prends énormément de plaisir ici. Dans la deuxième période contre le Mexique, j'ai touché plus de ballons et j'ai pu porter le danger dans le camp adverse. C'est une bonne sensation. Je me sens fort sur le plan mental et physique. Je joue mon football et je suis très heureux de pouvoir aider l'équipe. Je crois que les cadres doivent prendre en charge les plus jeunes. On essaie de les accompagner et je pense qu'on a un bon mélange d'expérience et de jeunesse en ce moment. Comme je l'ai dit, on forme un bloc et on a réussi un magnifique tour de force collectif face au Mexique. Malgré le respect qu'ont inspiré les victoires oranje, certains regrettent que l'équipe ne pratique pas le style de football propre aux Pays-Bas. Qu'en pensez-vous ? C'est vrai, on était habitués à un jeu offensif en 4-3-3 avec deux ailiers. Mais il faut aussi prendre la qualité de l'équipe en considération. C'est ce qu'on a fait. On en a beaucoup parlé avec le sélectionneur et on a décidé de modifier légèrement le dispositif. Pour moi, c'est un système très fonctionnel, peut-être moins axé sur la domination qu'auparavant, mais quand même extrêmement efficace. En quatre matches, on a inscrit 12 buts, c'est plutôt positif. Vous avez disputé la finale en 2010. Vous sentez-vous investi d'une mission au Brésil ? Je pense qu'on se sent collectivement investis d'une mission. Nous ne sommes pas venus au Brésil pour profiter du beau temps et paresser sur la plage à Rio. On est ici pour gagner des matches et aller le plus loin possible. Je ne crois pas qu'on s'attendait à nous voir atteindre ce stade de la compétition, alors on peut être fiers de ce qu'on a accompli.