380 larmes plus tard je suis dans l'avion, en route pour Kuala-Lumpur, Malaisie. Près de quarante heures de voyage avant d'atteindre la Nouvelle Zélande. Au revoir papa, au revoir maman, Marianne, Yassin. Vous allez me manquer mais on parlera, on s'écrira, on skypera ! Je ne saurais même pas par où commencer pour décrire ce « confluent vaseux » (Kuala-Lumpur en malais). A vrai dire il était quand même minuit dans nos horloges biologiques quand nous avons atterri à environ six heuresdu matin heure locale. Je ne nierai pas que la fatigue extrême ait pu altérer quelque peu ma perception de ce nouveau monde. En un mot je dirais étouffant ! Je ne sais pas ce que je m'imaginais exactement. Des palais luxuriants, une ville des nuits peut-être. Au lieu de ça je débarque dans une sorte de bocal à serpent embué. Une brume si épaisse baigne la ville qu'on n'y voit pas à 200 mètres. Etonnant, mais alors pourquoi avoir fait édifier ces immenses tours ? Qu'est ce qu'on peut bien voir de là haut ? Astre minuscule et lointain, l'aspect incroyable du soleil ne fait qu'ajouter du mystère à cette ville. On ne distingue qu'un cercle orange incertain loin dans le ciel, plongeant le pays dans une luminosité étrange, presque insoutenable. Immersion dans la ville. C'est extraordinairement différent de tout ce que j'ai connu, surprenant. Quelle mixité, quel mélange de couleurs, de nationalités, de langues, de styles vestimentaires ! Hormis quelques panneaux qui peuvent mettre sur la piste, il est quasiment impossible de deviner où l'on se trouve. Dans une station de métro par exemple, il n'y a pas une langue qui semble prendre le pas sur les autres. On entend tous les accents, on voit tout type de visages et, pour la première fois de sa vie le sentiment de ne pas être un étranger. C'est vraiment impressionnant. Comme une utopie où la magie du pluriculturalisme aurait opéré. Evidemment la réalité est différente, mais pendant ces quelques heures à Kuala-Lumpur je veux rêver que c'est possible. Que ce visage de tolérance n'est pas une impression de façade. Pour moi les mini-jupes et les qamis qui partagent le même trottoir c'est surréaliste ! J'adore ! Leyla Katarina Cherif