Si les aéroports occupent encore une large place dans le portefeuille de l'Agence des participations de l'Etat, avec pas moins de dix plates-formes détenues à plus de 50 %, l'heure est désormais clairement au désengagement de l'Etat. La décision du gouvernement de vendre rapidement la participation de 60 % dans l'aéroport de Toulouse-Blagnac, annoncée le 1er juillet dernier, a en effet relancé la course à la privatisation des grands aéroports régionaux. Après Toulouse – dont le repreneur devrait être connu au plus tard en novembre – Lyon et Nice devraient suivre. En attendant les plates-formes de Bordeaux, Montpellier et Strasbourg, de moindre importance. Du coup, les trois pages du rapport de l'APE consacrées aux aéroports de Nice, Toulouse et Lyon font figure de petites annonces. Pas de prix affiché, mais des caractéristiques en termes de trafic, de chiffre d'affaires et de valorisation, qui expliquent le choix du gouvernement, différent de celui fait en 2011 lors la première tentative avortée de privatisation des aéroports régionaux. A l'époque, le gouvernement Fillon et l'APE avaient imaginé de mettre simultanément sur le marché Toulouse, Lyon, Bordeaux et Montpellier. Soit deux aéroports majeurs et deux autres nettement plus modestes. L'opération avait échoué devant l'opposition des élus locaux – et notamment du maire de Bordeaux Alain Juppé –peu préparés à l'arrivée d'investisseurs privés dans le cadre d'un appel d'offres européen, et non pas d'un accord de gré à gré, comme l'auraient souhaité les édiles. Cette fois, l'opération paraît mieux balisée, avec comme il se doit, une procédure d'appel d'offres « ouverte et transparente », selon le communiqué de Bercy et une privatisation aéroport par aéroport, qui devrait favoriser l'obtention du meilleur prix. On commence par le moins cher – Toulouse et ses 7,6 millions de passagers pour 117 millions d'euros de chiffre d'affaires – puis Lyon (8,6 millions de passagers et 160 millions de CA) et on termine par le plus cher – Nice et ses 11,5 millions de passagers pour 219 millions de chiffre d'affaires – avant de passer aux aéroports de second rang. ADP : un cas à part Au total, l'opération pourrait rapporter quelque 500 millions d'euros à l'Etat. Un chiffre à comparer aux modestes 7,2 millions d'euros de dividendes servis par Toulouse, Lyon et Nice en 2013. Reste une grosse interrogation : quid des 50,6 % du capital d'Aéroports de Paris encore détenus par l'Etat ? Après s'être délesté de 9,5 % en juillet 2013, l'Etat n'a officiellement pas prévu de descendre en dessous de 50 %. Une loi de 2005, passée au moment de l'introduction en Bourse d'ADP, l'en empêche. Il faudrait donc en passer par le Parlement. Par ailleurs, avec 118 millions d'euros de dividendes servis à l'Etat actionnaire en 2013, ADP reste l'une des meilleures « gagneuses » de l'APE. Toutefois, si le sujet reste tabou, certains ont pris de l'avance dans les préparatifs, comme Vinci, devenu le deuxième actionnaire d'ADP.