Le Maghreb des films créé en décembre 2009 en France avec le parrainage de Coup de Soleil vise à la fois, à promouvoir les productions cinématographiques du Maghreb et portant sur le Maghreb et leur diffusion auprès d'un large public et débattre, à partir des films, de nombreuses questions de société qui traversent les populations des deux rives. Il offre ainsi aux réalisateurs maghrébins l'occasion de présenter leurs films – inédits ou films de catalogue - et d'en débattre. Il favorise leur circulation dans le réseau de salles partenaires et dans nombre de cas, leur donne accès à des distributeurs. La Tunisie est présente à cette grande manifestation cinématographique avec la projection hier, samedi 06 décembre, de « Mémoire noire, témoignages contre l'oubli » de Hichem Ben Ammar. Un film où le cinéaste a interrogé des victimes de la dictature pour le projet « Contre l'oubli ». Le documentaire de 52 minutes qui en résulte, déploie à travers ces destins un panorama de l'histoire tunisienne depuis l'indépendance. Hichem Ben Ammar présente aussi « Cafichanta » qui rend hommage à cette forme d'expression artistique et populaire qu'est le " Café chantant ", en période du Ramadan. Passé et présent se répondent, les artistes défilent, expriment leur art et leurs opinions. Les passionnés du 7ème art suivront aujourd'hui, dimanche 7 décembre, d'autres films tunisiens. Farah Khadhar présentera son film « Vibrations ». Une fresque épique d'un fragment de la révolution tunisienne lors du Sit-in 2 de la Kasbah de Tunis et des manifestations de l'avenue Habib Bourguiba qui ont eu lieu en février 2011, traduite sous formes de vibrations sonores à travers le regard et le ressenti d'une réalisatrice tunisienne. Ridha Tlili nous fait voyager à travers son nouveau film « Révolutions moins cinq minutes » qui suit un groupe de jeunes artistes tunisiens de guérilla (Ahl el Kahf) qui portent leur bataille contre répression sur les rues en Tunisie. Leurs instruments sont des scanners, des ordinateurs, les bombes à retouche, les pinceaux et la peinture. Ils ont un web-radio, en réseau avec les militants et activistes... ils dessinent sur les murs, leurs slogans, revendications et images qui interprètent l'islamophobie européenne, la créativité et la résistance. Ils décrivent leurs arts comme « le terrorisme esthétique » qui essaye d'amener les gens à penser, et à la contre-information de se propager. Un autre film de Ridha Tlili « Terigue » relate un voyage de la ville au Sahara en passant par la mer et les montagnes. « El Gort » de Hamza Ouni est un documentaire réaliste qui a pris à l'équipe six ans de travail. Il suit dans les dédales de la société Tunisienne, l'évolution de jeunes qui travaillent dans le commerce du foin. Le film traque leurs mouvements et leurs transformations, entre hauts et bas, entre fragilité et robustesse, dans l'avant et l'après de la dite révolution Tunisienne. Cette série de films se poursuivra le mardi avec deux films de Kaouthar Ben Hénia « Peau de colle » qui décrit l'histoire d'Amira, 5 ans, qui n'aime pas l'école et « Le Challat de Tunis » qui évoque l'histoire de la Tunisie, avant la révolution. Un homme à moto, armé d'un rasoir, balafre le corps des femmes qui arpentent les trottoirs de Tunis. On l'appelle le Challat, "la lame". Enfin, « Rabbi Tounes » clôturera cette participation tunisienne. Ce film de Raja Amari raconte la Tunisie, quelques semaines avant la chute de Ben Ali (en 2011). Trois garçons et une fille vivent et survivent dans une société de plus en plus étouffante et inégalitaire. Leur itinéraire croise celui de la révolution tunisienne et celle-ci les traverse pour changer à jamais leur destin. Aucun n'en sortira indemne. Chacun en paiera le prix.