En attendant l'annonce officielle par le ministère de l'Enseignement supérieur des résultats définitifs des élections des représentants des étudiants au sein des conseils scientifiques des universités qui se sont déroulées jeudi, les deux principales organisations estudiantines revendiquent chacune, chiffres à l'appui, sa victoire. L'Union Générale des Etudiants de Tunisie (UGET), le syndicat estudiantin dominé par la gauche, a annoncé hier avoir remporté 345 sièges sur les 392 pour lesquels il a présenté des listes et sur un total des 490 sièges à pourvoir, soit un taux général de 70%. L'UGET a également précisé que l'Union Générale Tunisienne des Etudiants (UGTE), le bras estudiantin du mouvement Ennahdha, n'a remporté que 26,6% des sièges à pourvoir. Le reste des sièges ont été notamment remportés par des indépendants et des salafistes, selon la même source. L'UGTE, qui a repris du service au lendemain de la révolution 20 ans après sa dissolution par l'ancien régime, a, quant à elle, déclaré avoir raflé 200 sièges sur les 300 qu'elle a brigués, «ce qui équivaut à 46,19 % du total des sièges à pourvoir». Le secrétaire général de l'organisation proche du parti islamiste, Rached Kahlani, a également évoqué, lors d'une conférence de presse, la forte présence de listes indépendantes qui auraient raflé 78 sièges ainsi que des listes affiliées au parti au pouvoir, «les étudiants de Nidaâ Tounes». Selon M. Kahlani, le taux de participation aux élections était généralement moyen, en raison de la poursuite des mouvements de protestation dans nombre d'établissements universitaires et l'absence de nombre d'étudiants qui se trouvaient en stage. Actes de violence Les élections des conseils scientifiques, a-t-il indiqué, n'ont pas eu lieu dans les écoles nationales d'ingénieurs de Sfax et Gabès, à cause de la poursuite des mouvements de protestation entamés par les étudiants de ces établissements depuis, le 5 janvier dernier. Les élections n'ont pas aussi eu lieu à l'Institut supérieur des études technologiques de Médenine, à l'Ecole des beaux arts de Siliana, à l'Institut préparatoire de Gafsa et à l'Ecole nationale des télécommunications de Sfax. D'autre part, les élections des représentants des étudiants au sein des conseils scientifiques des universités ont été émaillées par de nombreux actes de violence. Une altercation verbale entre les étudiants du Courant salafiste et ceux de Nidaa Tounes avait eu lieu à la faculté des Sciences de Sfax. Une autre agression a été recensée à la Faculté des Sciences Juridiques Politiques et Sociales à Tunis. Mohamed Zehdi, étudiant en Master et membre de l'UGTE, aurait ainsi été tabassé par des membres de l'UGET à sa sortie de la faculté. Des représentants de l'UGET ont à leur tour accusé leurs adversaires de l'UGTE de vouloir compromettre le processus électoral en usant de violence et en multipliant les fraudes. Ainsi, Ayoub Tlili, membre du bureau fédéral de l'UGET, a déclaré détenir des preuves de ces agressions évoquant l'utilisation de couteaux et autres armes blanches tels que des barres de fer. La rivalité entre l'UGET et l'UGTE trouve son origine dans les rapports historiques tumultueux entretenus entre ces deux organisations aux référentiels idéologiques antagonistes depuis les années 80.