Le Temps-Agences- Le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani a appelé hier la Turquie à des discussions directes avec son gouvernement autonome, alors qu'Ankara menace d'intervenir militairement contre les bases arrière de la rébellion kurde. Le Parlement turc a largement approuvé la motion autorisant le gouvernement d'Ankara à procéder à des incursions militaires en Irak pour "nettoyer" les bases arrière de la rébellion kurde dans le nord de ce pays voisin. Aucun signe d'une frappe imminente n'était visible hier. "Ce que nous avons vécu ces dernières années montre que cette question ne peut pas être résolue par la guerre", a souligné Massoud Barzani dans un communiqué. "Mais dans le même temps, nous l'affirmons à tous : si la région ou le Kurdistan est confronté à une agression sous un quelconque prétexte, nous sommes totalement prêts à défendre notre expérience démocratique, la dignité de notre peuple et le caractère sacré de notre patrie", a-t-il prévenu. Il a observé que les Kurdes irakiens n'étaient pas responsables des affrontements entre la Turquie et les rebelles du Parti des travailleurs kurdes (PKK). M. Barzani a exhorté Ankara à participer à des négociations avec les autorités kurdes dans la capitale régionale, Erbil, à 350km au nord de Bagdad. "La meilleure solution à tout problème, c'est le dialogue et la compréhension mutuelle, plutôt que le langage des menaces et du chantage", a-t-il poursuivi. Plusieurs milliers de Kurdes se sont rassemblés avant-hier dans le nord de l'Irak pour protester contre la décision du Parlement turc. Les dirigeants et les manifestants kurdes ont prévenu qu'une incursion turque contre les rebelles du PKK menacerait la stabilité de la région et ont appelé Ankara à privilégier les voix pacifiques. La Turquie a effectué plusieurs incursions en Irak dans les années 90, y envoyant parfois jusqu'à 50.000 hommes, sans réussir à se débarrasser des bases arrière du PKK. A l'origine, le parti combattait pour l'indépendance, mais le mouvement a ensuite prôné la création d'une région autonome kurde. Le ministre irakien des Affaires étrangères, Hochyar Zebari, avait affirmé que Bagdad souhaitait accroître la pression sur le PKK. Mais ses propos ont suscité une réponse mitigée du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. "Nous accueillons cela comme une mesure positive, mais c'est une annonce qui intervient tardivement", a-t-il déclaré hier à Istanbul. "Les camps du PKK doivent être éliminés et les dirigeants rebelles extradés. Cela satisferait la Turquie".