Le Temps-Agences- La République turque fêtait hier ses 84 ans d'existence sur fond de menaces croissantes d'incursions dans le Nord de l'Irak contre les camps des rebelles kurdes , dont une centaine seraient encerclés dans le Sud-est de la Turquie, proche de la frontière irakienne. La Turquie a été pavoisée de drapeaux rouge et blanc à l'occasion de la fête nationale qui marque l'anniversaire de la création de la République le 29 octobre 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, le "père des Turcs". Outre les traditionnelles cérémonies officielles, des manifestations populaires étaient prévues à travers le pays pour la huitième journée consécutive afin de dénoncer "le terrorisme" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste) qui mène une lutte armée contre le pouvoir central turc depuis 1984. Ces manifestations de centaines de milliers de personnes n'ont pas cessé depuis une attaque le 21 octobre des rebelles kurdes près de la frontière irakienne, qui a fait 12 morts dans les rangs de l'armée turque. Huit soldats ont également été faits prisonniers lors de l'embuscade qui a accru la tension entre Ankara et Bagdad. Depuis, l'armée a affirmé avoir tué plus de 60 rebelles. L'éventualité d'une opération militaire contre les bases arrière des rebelles kurdes dans le nord de l'Irak s'est renforcée après l'échec de pourparlers à Ankara avec une délégation irakienne dont les propositions n'ont pas satisfait la Turquie. Celle-ci lancera une opération "quand ce sera nécessaire", a averti le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui s'est montré excédé par les appels à la retenue des Etats-Unis. Il devrait s'entretenir après-demain avec la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui fera une courte escale à Ankara avant de passer à Istanbul pour assister à une réunion des pays voisins de l'Irak vendredi et samedi. Washington veut éviter une déstabilisation du Kurdistan irakien, l'une des rares régions relativement calmes d'Irak, mais la Turquie montre des signes d'impatience. Elle a massé des troupes dans le sud du pays, près de la frontière avec l'Irak, et des unités de commandos ainsi que des équipements militaires ont été acheminés dans cette zone, selon la presse turque. L'acheminement des troupes vers la zone où 100.000 soldats turcs et des "gardiens de villages" --milice kurde pro-Ankara-- seraient déployés semblait être achevé. Hier, l'agence de presse semi-officielle Anatolie a rapporté qu'une centaine de militants du PKK ont été encerclés dans une zone montagneuse proche de la frontière irakienne dans le cadre de l'offensive armée lancée après l'attaque meurtrière du PKK. Les efforts diplomatiques pour éviter une incursion turque en Irak vont se poursuivre à la Conférence d'Istanbul, qui se tient au niveau des ministres des Affaires étrangères, et à laquelle devrait assister le ministre irakien Hoshyar Zebari. Le point d'orgue des pourparlers entre les Etats-Unis et la Turquie sera une rencontre entre M. Erdogan et le président George W. Bush, prévue le lundi 5 novembre à la Maison Blanche.