Le Temps-Agences - Condoleezza Rice a affirmé hier que les Etats-Unis étaient résolus à aider la Turquie à combattre les séparatistes turcs du PKK retranchés dans le nord de l'Irak. Mais la secrétaire d'Etat américaine, qui venait de s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Ali Babacan, a fait valoir qu'il était "difficile d'éradiquer le terrorisme" et que le problème était "très complexe". "Cela va demander de la persévérance, cela va exiger de l'engagement", a-t-elle dit tout en assurant : "Personne ne doit douter de l'engagement des Etats-Unis sur cette question". "Nous avons un ennemi commun et nous avons besoin d'une approche commune", a-t-elle ajouté en déclarant avoir évoqué avec Babacan un plan global de lutte contre le PKK. La Turquie, qui a massé jusqu'à 100.000 hommes à sa frontière avec l'Irak, menace de pourchasser les séparatistes au Kurdistan irakien, au risque, craint Washington, de déstabiliser une région jusque-là relativement épargnée par les violences. Babacan a exprimé pour sa part l'espoir que la visite de Rice marque le début d'une ère de plus grande coopération entre les deux alliés de l'Otan. Ankara reproche au corps expéditionnaire américain en Irak et à l'armée irakienne leur inaction contre le PKK. "Nous en sommes à un moment où les mots doivent céder la place aux actes", a estimé Babacan lors de sa conférence de presse conjointe avec Rice. "Nous avons tous besoin de redoubler d'efforts et les Etats-Unis s'engagent à redoubler d'efforts", a déclaré Rice, sans préciser quelles mesures ils envisageaient. Rice a déclaré toutefois qu'elle en discuterait avec ses homologues turc et irakien lors de la conférence qui réunirait aujourd'hui à Istanbul les ministres des Affaires étrangères d'Irak et des pays voisins. La secrétaire d'Etat américaine a également rencontré à Ankara le Premier ministre Tayyip Erdogan, qui est attendu la semaine prochaine à Washington pour discuter des mêmes questions avec le président George Bush. Erdogan est pressé d'intervenir au Kurdistan irakien par une partie de l'opinion publique et par l'armée, qui doutent de la volonté réelle des Etats-Unis, de l'Irak et du gouvernement régional kurde irakien de mater le PKK. De source diplomatique turque, on déclare que la rencontre Erdogan-Bush sera cruciale pour une telle "opération", selon le terme du Premier ministre turc, qui a dit "espérer qu'elle ne serait pas nécessaire". Certains analystes doutent de la détermination réelle du gouvernement Erdogan de lancer une vaste opération en Irak et attribuent sa rhétorique guerrière à sa volonté de pousser Washington et Bagdad à affronter le PKK. Selon Rice, "les Etats-Unis, la Turquie et l'Irak, même avec ses capacités limitées, ainsi que le gouvernement régional ont pour intérêt commun de ne pas laisser les événements conduire à une déstabilisation du nord de l'Irak", a souligné Rice. Pour sa part, le chef militaire du PKK Bahopz Erdal a promis à l'armée turque, en cas d'intervention ", sa plus grosses défaite et ses plus lourdes pertes en 23 ans de guerre", rapporte l'agence de presse Firat, proche du mouvement séparatiste.