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Le processus démocratique engagé en Tunisie depuis le 7 novembre 1987 est un processus irréversible
Interview du Chef de l'Etat à la revue - Le Figaro Magazine -
Publié dans Le Temps le 11 - 11 - 2007

Carthage-TAP - Le Président Zine El Abidine Ben Ali a accordé une interview à la revue française “Le Figaro Magazine”. Dans cette interview le Président de la République fait le bilan des acquis et réalisations accomplis en Tunisie durant les deux dernières décennies et développe l'approche tunisienne concernant les questions relatives au développement, à la démocratie, aux droits de l'Homme, à la paix et à la stabilité dans le monde.
Voici le texte intégral de cette interview :

Question: Le 7 novembre dernier, la Tunisie a célébré vos vingt ans de présidence. Quel bilan faites vous de votre politique ?

A la veille du 7 novembre 1987, la situation en Tunisie était des plus préoccupantes, du fait de l'état de santé du Président de la République et d'une conjoncture politique, économique et sociale critique, aggravée par la montée de l'intégrisme.
Conformément aux termes de la Constitution, en tant que Premier
ministre, j'ai opéré le Changement, dans le but de remettre le pays sur la bonne voie. Vingt ans après, le bilan témoigne de mon action.
Au plan politique, nous avons introduit de nombreux amendements importants au texte de la Constitution, favorisé la création de plusieurs partis politiques et promulgué des lois fondamentales, consacrant les libertés publiques et individuelles et la liberté de la presse, dans un esprit républicain. Aujourd'hui, la Tunisie compte neuf partis politiques dont cinq sont représentés au Parlement grâce aux élections pluralistes que nous avons instaurées. Ainsi, 20pc des sièges au Parlement et des édiles appartiennent à l'opposition. Les partis politiques et les organisations nationales participent à toutes les consultations que nous organisons concernant les choix politiques, économiques et sociaux de notre pays et dans ce processus, la femme tunisienne est plus que jamais présente. Toutes les libertés publiques et individuelles ont été renforcées et protégées par la loi.
Au plan économique et social, tous les indicateurs sont significatifs des progrès que nous avons accomplis : - une moyenne de croissance annuelle de 5pc, - une évolution continue des secteurs modernes de l'économie, qui représentent, aujourd'hui, 57pc du Produit Intérieur Brut, - une augmentation régulière du revenu individuel, qui a quadruplé depuis 1987, - la réduction de la dette extérieure qui, de 56pc, a régressé à 45pc du revenu national, - la baisse du taux de pauvreté qui a reculé à 3,8pc etc.. Aujourd'hui, la classe moyenne constitue plus des 3/4 de la population tunisienne, et plus de 99pc des enfants tunisiens âgés de six ans, vont à l'école. Quant à l'espérance de vie à la naissance, elle s'établit à 74 ans. Ce ne sont là que quelques indicateurs significatifs dont je me contenterais pour répondre à votre question.

Question : Le statut de la femme est l'un des points forts de votre réflexion. Pouvez-vous évoquer cette politique d'émancipation et, à cet égard, nous expliquer le retard persistant des autres pays arabo-musulmans ?

Comme tout le monde peut le constater la femme tunisienne a investi aujourd'hui tous les domaines de la vie publique. Pour votre information, de 1999 à 2004, le nombre des femmes à la Chambre des députés a doublé, passant d'un taux de représentation de 11,5pc à 22,7pc, alors qu'il n'était que de 7,4pc en 1994. A la faveur des élections municipales qui ont eu lieu en 2005, l'élément féminin constitue 27,4pc du total des édiles contre seulement 16pc en 1995. En outre, le tiers des adhérents aux plus de 9 000 associations que compte le pays, sont des femmes.
Ajoutez à cela que les femmes occupent 21pc des postes de direction des associations et des organisations nationales et professionnelles, que 59pc des étudiants sont des jeunes femmes et que notre pays compte 10.000 femmes chefs d'entreprise. Mais pour réaliser combien le statut de la femme tunisienne a progressé, je vous propose de le comparer avec celui de pays beaucoup plus développés que le nôtre.

Question: Et le retard des autres pays arabo-musulmans ?

C'est vrai que beaucoup reste à faire à cet égard dans le monde arabo-musulman comme ailleurs. Mais je ne me permettrai pas de m'ériger en donneur de leçons. Chaque pays a ses considérations spécifiques.

Question: L'économie tunisienne est dit-on en bonne santé. Quels sont les grands axes de votre action économique ? Comment comptez-vous faire face à la concurrence des pays émergents ?

Au 7 novembre 1987, notre pari était de faire remonter la pente à notre pays, de réformer fondamentalement notre économie.
Notre ambition, aujourd'hui, est de réaliser une croissance encore plus forte pour atteindre de nouveaux paliers de développement. C'est par ce biais seulement que nous pourrons créer de nouvelles richesses et par conséquent maintenir et renforcer notre effort en matière d'amélioration des revenus et de progrès social. Pour cela, nous comptons approfondir notre action de modernisation et de réforme, car dans le contexte de la mondialisation, nous avons à faire face à une concurrence de plus en plus rude. Les évaluations d'institutions et forums aussi crédibles que le FMI, la Banque Mondiale ou le Forum de Davos qui classent la Tunisie à la tête des économies les plus compétitives d'Afrique et du monde arabe et au 29ème rang mondial, nous confortent dans notre démarche et nous encouragent à aller de l'avant.
Nous avons ainsi entrepris de moderniser notre système de formation et d'enseignement supérieur, car nous croyons, que la compétitivité n'est pas seulement une affaire de coût de travail, mais exige également une qualité élevée des ressources humaines, une modernisation et un développement des infrastructures, ainsi que des communications, des transports, des services administratifs et bancaires plus efficaces.

Question: Votre lutte contre le fondamentalisme a jusqu'ici été couronnée de succès. Quels enseignements pouvez-vous nous livrer (à l'usage de l'Occident comme de l'Orient) ? Le fondamentalisme demeure-t-il malgré tout une menace pour votre pays?

La Tunisie a toujours été la terre d'un Islam tolérant, ouvert au dialogue entre les religions, attaché à la paix et à la fraternité entre les hommes et rejetant toute forme d'extrémisme et de violence. Notre pays a connu la menace de l'extrémisme intégriste et pour nous en protéger, nous avons adopté une démarche globale et multidimensionnelle visant à combattre l'intégrisme à sa source. Nous avons engagé une réforme profonde du système éducatif à même de prémunir les jeunes contre les idées rétrogrades véhiculées par un discours obscurantiste.
Nous avons opté pour une stratégie de développement centrée sur l'être humain, fondée sur la complémentarité entre le développement économique et le développement social, et soucieuse de lutter contre les inégalités entre les personnes, les catégories sociales et les régions.
Des efforts substantiels ont été entrepris pour améliorer les infrastructures économiques des régions et des zones les plus faibles, et pour y développer les équipements et les services sociaux de base. Nous avons obtenu des résultats significatifs à ces différents niveaux, ce qui a permis de renforcer la cohésion sociale et d'évoluer vers une société plus équilibrée. Nous avons élargi la participation et approfondi le processus démocratique et renforcé les acquis de la femme et son rôle dans la société, qui étaient la cible des extrémistes et des intégristes.
Mais, si le phénomène a pu être contenu au niveau national, il retrouve de nouveaux adeptes à l'étranger, d'où la nécessité de renforcer la concertation et la coopération à l'échelle internationale.
Par ailleurs, nous avons toujours prôné, l'ouverture et le dialogue avec les autres cultures et civilisations. Nous avons toujours appelé à une lecture éclairée des textes religieux. En fait, c'est d'une rénovation de la pensée islamique que nous avons besoin, d'un Islam ouvert, un Islam tolérant.

Question : Mais que signifie alors les attaques de jeunes fondamentalistes en janvier dernier dans la banlieue de Tunis?

Personne n'est à l'abri du terrorisme. Heureusement la vigilance de nos services de sécurité nous a permis d'empêcher des attentats terroristes graves. Les éléments salafistes étaient bien organisés. Les forces de sécurité ont découvert que ces éléments détenaient des plans de situation des ambassades de Grande Bretagne et des Etats-Unis à Tunis. Ils les avaient puisés de Google Earth et entendaient attaquer ces ambassades le moment venu.

Question : Vous avez dit que le problème du terrorisme n'était plus le vôtre, mais celui de Londres, Bonn, Paris et Washington.
L'Europe selon vous, sert-elle toujours de base arrière aux terroristes ?

Effectivement, j'avais, dès le début des années 1990, attiré l'attention de la communauté internationale sur la gravité de la menace terroriste et j'avais appelé à une coopération internationale en vue d'y faire face. Nous constatons, hélas, que le terrorisme est devenu, de nos jours, un phénomène international qui ne connaît pas les frontières et qui n'épargne donc aucun pays.
Parallèlement, une prise de conscience mondiale de plus en plus aiguë s'est développée autour de ce phénomène. Des mesures ont été prises partout dans le monde, pour se protéger de ce fléau et le combattre de façon plus résolue. Nous nous félicitons de la décision adoptée au sommet de l'Euro-Med de Barcelone en 2005, pour la mise en place d'un code de conduite dans la lutte contre le terrorisme que nous avions appelé de nos vœux. Il est urgent que la communauté internationale dans son ensemble en fasse de même au niveau des Nations-Unies. La coopération internationale, aujourd'hui insuffisante dans ce domaine, demeure plus que nécessaire pour éradiquer ce phénomène qui trouve de nouveaux sanctuaires dans certaines régions du monde où il se nourrit non plus seulement de la pauvreté et des inégalités, mais aussi des frustrations, des humiliations, des injustices et de la politique des deux poids, deux mesures.
Il est aussi nécessaire, pour l'avenir, d'éviter la confusion et les amalgames entretenus par certains entre terrorisme et Islam. La religion musulmane n'a rien à voir avec la violence extrémiste ou le terrorisme. Ce fléau est, en fait, une négation des enseignements de l'Islam et de ses préceptes de tolérance et d'humanisme et une violation grave des droits humains, dont le premier est le droit à la vie.

Question: Certains intellectuels et hommes politiques affirment que l'Islam n'est pas soluble dans la démocratie, car il n'y a pas de séparation entre le temporel et l'intemporel. Existe-t-il, entre l'Orient et l'Occident un risque de confrontation ?

En reprenant la dernière partie de votre question sur le risque de confrontation entre l'Orient et l'Occident, il convient de rappeler que l'Islam est une religion de tolérance qui appelle au dialogue et à l'entente entre les civilisations et les religions.
Ce qui est inacceptable à nos yeux, c'est l'exploitation de la religion à des fins politiques. En effet, il ne faut pas confondre Islam et politique. C'est cette manipulation, cette instrumentalisation du sacré qui n'est pas compatible avec la démocratie.
Elle porte préjudice à la fois à l'Islam et à la démocratie, et porte en elle les germes de tension au sein de la société, de la dissension et de la confrontation au niveau international. Le risque de confrontation que vous évoquez existe donc, mais il est dû aux extrémistes et aux fanatiques qui sont mus par la haine et prônent la violence.
Pour revenir à la première partie de votre question, c'est le fanatisme et l'intégrisme et non l'Islam qui ne sont pas solubles dans la démocratie.

Question: Vous êtes croyant. Qu'est-ce qu'un bon musulman ?

Je suis croyant et pratiquant. Si vous veniez chez moi vous verriez qu'il y a une salle réservée à la prière. Un bon Musulman est par essence ouvert et tolérant.

Question : La Tunisie a toujours été une terre d'accueil et de tolérance à l'égard des étrangers. Pour autant, elle demeure critiquée pour la lente libéralisation de sa vie politique.
Certaines voix s'élèvent pour dénoncer le manque de respect des droits de l'Homme et la restriction de la liberté d'expression.
Que leur répondez-vous ?

J'ai toujours affirmé que le processus démocratique engagé en Tunisie depuis le 7 novembre 1987 est un processus irréversible.
Je réitère ma conviction que démocratie et développement sont les deux piliers de notre démarche pour la construction d'une société ouverte, tolérante et humaniste. Dans notre pays les libertés d'opinion, d'expression, de réunion et d'association sont pleinement garanties dans les textes et consacrées dans la réalité quotidienne.
Nous avons pris de nombreuses mesures en vue d'accomplir l'enrichissement et la diversification du paysage médiatique et de protéger davantage la liberté d'opinion et d'expression. Dans ce sens, le code de la presse, promulgué par la loi du 28 avril 1975 a été amendé à quatre reprises (1988, 1993, 2001 et 2006) dans un sens encore plus libéral, notamment par la suppression du délit de ''diffamation de l'ordre public'',
l'abrogation de la procédure de dépôt légal pour les publications de presse nationales d'information. L'objectif de ces amendements est de permettre aux journalistes d'assumer leur rôle en toute liberté et de bénéficier d'un climat adéquat pour exercer leurs activités et pour faire du secteur de l'information un espace de dialogue, d'échange et de discussion sur des thèmes et des questions qui engagent le devenir du pays et la défense de ses acquis.
Par ailleurs, des subventions sont accordées par l'Etat aux journaux d'opinion et notamment ceux des partis de l'opposition qui sont publiés en toute liberté. Nous comptons aujourd'hui des radios et chaînes de télévision privées. On y débat de nombreux thèmes sociaux et politiques.
A noter que depuis décembre 2005, la représentation des partis politiques de l'opposition et de la société civile a été renforcée au sein du Conseil supérieur de la communication afin de contribuer à la réflexion pluraliste sur la qualité de la presse et sur les mesures adéquates à même de faire évoluer le paysage médiatique.

Question: Comment expliquez-vous que l'on parle de la Tunisie comme d'un Etat policier ?

Certains semblent préférer les idées préconçues à la réalité des choses. Bien sûr la police veille à la sécurité de nos citoyens et de nos visiteurs, comme c'est le cas de tous les pays du monde. Mais cela ne fait pas de ces pays ou du nôtre un Etat policier. D'ailleurs, par tête d'habitant, il y a quatre fois moins de policiers en Tunisie qu'en Suisse. Jamais une personne n'a été détenue ou poursuivie en justice en Tunisie pour ses opinions et aucun journal n'a été suspendu ou interdit depuis 1987. Et sachez que je ne signerai jamais l'exécution de condamnés à mort. Enfin, la Croix Rouge visite les prisons régulièrement. Mais je me suis fait à l'idée que quoi qu'il arrive pour certains ce sera de ma faute ou celle de la police.

Question: On dit aussi que les droits de l'Homme sont régulièrement bafoués en Tunisie

C'est faux. La promotion de la culture des droits de l'Homme est l'une de nos priorités. Nous pouvons affirmer aujourd'hui, que le respect des droits de l'Homme est un vécu quotidien.
Cependant et comme dans tous les pays du monde, il reste toujours quelque chose de plus à faire dans ce domaine.

Question: Les Etats-Unis peinent à maîtriser le chaos qu'ils ont provoqué en Irak, lequel alimente la colère du monde arabe. Que faut-il penser de la politique étrangère de George Bush? A quelles conséquences peut-on s'attendre ?

En ce qui concerne l'Irak notre position demeure constante: tout doit être mis en œuvre pour mettre fin aux violences qui endeuillent ce pays, pour favoriser le dialogue politique et la réconciliation nationale, préserver l'unité et l'intégrité territoriale de ce pays et permettre au peuple irakien de se consacrer aux efforts de reconstruction et de développement. La persistance de cette situation en Irak menace non seulement l'intégrité de ce pays mais aussi la stabilité dans toute la région.

Question: Et au Moyen-Orient ?

Les efforts entrepris actuellement par l'administration américaine pour relancer le processus de paix au Moyen Orient méritent d'être encouragés. La Conférence de paix prévue que nous soutenons, se doit de déboucher sur des propositions concrètes et sur une démarche équitable à même de raviver l'espoir d'une paix juste et durable. Son échec engendrerait des risques incalculables pour la région.
Nous demeurons résolus dans notre engagement en faveur de la paix et nous ne ménagerons aucun effort pour appuyer activement toutes les initiatives internationales, y compris celles des Etats-Unis, visant à instaurer la paix et la sécurité dans la région et dans le monde.

Question: Où en sont les relations entre la France et la Tunisie, notamment avec l'arrivée d'un nouveau Président en France ? Pourquoi cette différence de ton entre une classe politique française conciliante et une presse française très critique ?

Les relations tuniso-françaises sont exemplaires. Notre coopération bilatérale est dense et multiforme, et évolue d'une manière satisfaisante. La France est à la fois notre premier client et notre premier fournisseur. Elle est également le premier pays en termes d'investissement direct étranger, hors énergie, et le principal bailleur de fonds européen. La France accueille en outre le plus grand nombre de ressortissants tunisiens établis à l'étranger. Nous nous sommes engagés, avec le Président Nicolas Sarkozy, à développer davantage notre coopération, et à lui ouvrir de nouvelles perspectives, afin de tirer des avantages réciproques des différentes opportunités et d'adapter notre coopération aux nouvelles priorités de développement de la Tunisie, telles que définies dans notre Plan de développement économique et social.
Quant à votre observation sur la différence de ton entre la classe politique française et une certaine presse, je rappellerai que le dialogue entre la classe politique française et la Tunisie est séculaire, les échanges sont riches et positifs et ont toujours permis de préserver le caractère exceptionnel des relations tuniso-françaises. L'ensemble de la presse française a toujours apprécié à leur juste valeur les nombreuses réalisations et acquis de la Tunisie et ce en partant d'observations, de données et d'analyses objectives. Pour le reste nous n'avons jamais refusé la critique quant elle est fondée et sereine. Ce que nous rejetons en revanche, ce sont les parti-pris et les prismes déformants à travers lesquels certains veulent percevoir les réalités tunisiennes.

Question: Comment appréciez-vous l'Union de la Méditerranée?

La Tunisie est l'un des premiers pays à avoir manifesté son soutien de principe à l'initiative du Président Sarkozy de créer une Union de la Méditerranée. Elle a appelé, dès l'annonce de ce projet, à une concertation approfondie entre les différents partenaires en vue d'arrêter les objectifs de cette Union et les moyens de la réaliser.
La Tunisie qui est l'un des pays fondateurs du processus de Barcelone et du Dialogue 5+5, dont elle a abrité le premier sommet en décembre 2003, estime que la création d'une nouvelle structure d'intégration régionale en Méditerranée ne fera que renforcer le rapprochement entre les pays du pourtour méditerranéen et favoriser le développement d'une coopération mutuellement bénéfique autour d'axes prioritaires pour tous les pays de la région.
Nous estimons que l'UM sera appelée à contribuer à la relance du processus de partenariat euro-méditerranéen en œuvrant à assurer une synergie avec les instruments euro-méditerranéens en vigueur.
Nous sommes persuadés que la réussite et l'aboutissement de ce projet devraient prendre en compte les principes fondamentaux d'un partenariat équilibré et solidaire entre les deux rives de la Méditerranée. Ceci est de nature à réduire les écarts de développement, à instaurer un dialogue culturel et civilisationnel et à garantir un véritable échange humain permettant d'approfondir la compréhension mutuelle entre les peuples de la région. Ceci ne manquera pas de contribuer au renforcement de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Méditerranée.

Question :Etes-vous conscient qu'une partie des Tunisiens souffre cruellement de la pauvreté ?

Dans ce domaine beaucoup de choses ont été faites depuis le Changement. De ce fait, peu de gens en Tunisie se situent aujourd'hui en-deçà du seuil de pauvreté. Mais je ne tolérerai jamais qu'un seul citoyen soit dans le besoin. Je sais ce que signifie la pauvreté. A la maison nous étions onze frères et sœurs, et j'ai eu ma part de privation et de souffrance. L'école tous les jours signifiait dix kilomètres aller et retour, à pied
ou à bicyclette, été comme hiver. On peut me reprocher certaines choses mais pas d'être insensible à la difficulté que connaissent les Tunisiens les plus démunis.

Question: Est-il exact que comme le roi Abdallah de Jordanie vous allez en ville en voiture pour prendre la température ?

J'aime le contact direct avec les citoyens. Je prends le volant parfois, seul ou en famille, au grand désespoir de mon service de sécurité. Je prends des notes sur un calepin. Il y a toujours un suivi de mes visites de terrain.

Question: En vingt ans de gouvernance, avez-vous un regret ?

Nous avons beaucoup fait pour asseoir les bases d'une vie politique pluraliste. Mais nous aurions souhaité l'émergence d'une opposition plus dynamique et plus constructive. Ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas.
Certains journaux n'hésitent pas à m'attaquer franchement tout en se plaignant paradoxalement du manque de liberté d'expression.
Le seul slogan de certains est: "Plus de démocratie et l'alternance". Mais alternance ne signifie pas "ôte-toi de là que je m'y mette". L'opposition signifie, avant tout à mon avis, élaboration de programmes et d'alternatives crédibles.


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