C'est toujours le même refrain repris à chaque aggravation du déficit commercial du pays : rationaliser les importations et promouvoir les exportations. Le ministre du Commerce et de l'Artisanat, évoque une augmentation des taxes douanières outre l'application d'un contrôle technique à l'importation. Mohsen Hassan, parle également de la rationalisation de l'importation de quelques produits, les voitures en l'occurrence. A en croire aux statistiques officielles, l'importation des voitures a nécessité pas moins de 500 millions de dinars, seulement pour les 5 premiers mois de l'année en cours. Serait – ce un argument valable pour appeler à la réduction des importations du secteur automobile ? Les concessionnaires automobiles contestent cette approche. A vrai dire, il conteste les déclarations et même les décisions proposées par le ministère de tutelle. C'est à travers un communiqué que la Chambre Syndicale des Concessionnaires automobile relevant de l'UTICA, a manifesté ses critiques envers « la stigmatisation du secteur ». Mais, avant tout, les concessionnaires automobiles contestent les données communiquées par l'Administration Tunisienne. Dans le communiqué précité, la Chambre Syndicale essaie de préciser que le poids des importations du secteur de l'automobile en Tunisie ne représente que 1,5% des importations globales du pays. Cependant, pourrait –il que les 500 millions de dinars d'importations du secteur n'est pas un chiffre exact. « En effet, ce chiffre inclut à hauteur de 50% des importations des véhicules effectuées par le marché parallèle », indique-t-on dans le communiqué. Les arguments avancés par la Chambre Syndicale des Concessionnaires automobiles, touchent également à la nature de la hausse des importations globales tout au long des cinq premiers mois de l'année en cours. D'après la profession, l'augmentation totale des importations (+0,8%) provient essentiellement de l'augmentation de 21,2% des importations des matières premières, et de la hausse de 11% des biens d'équipements. « Le déficit commercial de la balance commerciale provient donc, d'une baisse des exportations après la chute des exportations de l'huile d'olive (-36,7%) et la chute des exportations de l'énergie (-45,5%) », explique la profession qui précise encore que la progression des exportations des produits manufacturés provient en grande partie des exportations issues de l'industrie mécanique et électrique. Un secteur libre à l'importation En Tunisie, la distribution automobile est libre à l'importation conformément aux accords ratifiés par la Tunisie avec l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).A travers cette réplique, les concessionnaires automobiles notamment le ministère du Commerce que le système des quotas appliqué pour l'importation des véhicules est illégal. Entre autres, le système de restriction à l'importation se contredit avec la loi tunisienne. « Un système de restriction qui s'inspire des méthodes d'administration du secteur d'avant la révolution annonce le retour aux pratiques de l'ancien régime », peut-on lire dans le même communiqué. A cet égard, la chambre syndicale des concessionnaires automobiles rappelle que les déclarations du Ministère du Commerce qui sous-tendent une rationalisation additionnelle des importations automobiles ne feront que renforcer le marché informel et parallèle (lequel marché informel représente aujourd'hui 52% du marché total de l'automobile) au détriment du marché organisé générateur de recettes fiscales, douanières et d'investissements directs et indirects créateurs d'emplois. Réunion entre l'UTICA et le Ministère du Commerce Ouided BOUCHAMAOUI présidente de l'UTICA et Mohsen HASSEN, Ministre du Commerce ont présidé Mardi 21 Juin 2016 au siège de l'UTICA une réunion avec des représentants de quelques Fédérations professionnelles et chambres syndicales en présence des membres du Bureau Exécutif de l'UTICA et les collaborateurs du ministre . Cette rencontre s'inscrit dans le cadre des consultations entre l'UTICA et le Ministère sur les nouvelles mesures à prendre par le Gouvernement pour faire face au glissement du dinar. L'intervention de Monsieur le Ministre a porté sur trois axes : 1/ La situation et la conjoncture économique en Tunisie durant les derniers mois de l'année 2016 2/ La rationalisation et le suivi des importations 3/ Les mesures de développement des exportations Les débats qui ont suivi ont porté essentiellement sur les points suivants : 1/ La nécessité de combattre le commerce informel qui prend de l'ampleur tous les jours 2/ Les mesures de restriction des importations vont développer davantage le commerce parallèle 3/ L'image de la Tunisie pourrait être altérée par les mesures de restriction 4/ La nécessité de réviser les accords commerciaux avec certains pays ou encore recourir aux mécanismes de sauvegarde 5/ La nécessité d'avoir une vision claire concernant l'ouverture de l'économie nationale 6/ La nécessité de relancer et de booster les exportations et avoir l'audace de prendre des mesures courageuses plutôt que restreindre les importations 7/ La nécessité de tenir compte des spécificités dans certaines branches ou secteurs d'activités et surtout ceux qui exercent dans le cadre des marchés publics.