Fernana (gouvernorat de Jendouba), connaît, depuis mercredi dernier, des protestations de la part des habitants qui ont paralysé la ville suite au suicide d'un citoyen de trente-neuf ans qui s'est immolé par le feu. Quarante-huit heures après l'incident, le premier délégué de la région a indiqué qu'une réunion se tiendra au gouvernorat de Jendouba afin de revenir sur la situation économique et sécuritaire à Fernana. Le lendemain, les représentants régionaux des partis politiques et des organisations nationales se sont rencontrés et ont appelé à l'activation des projets bloqués et au rapprochement des différents services publics (à l'instar de la CNAM, de la SONEDE ou encore de la STEG) aux habitants de la ville. Après une trêve de deux jours – les deux jours de l'Aïd – Fernana s'est réveillée, dans la journée d'hier, sur le retour des protestations après que les habitants de la ville aient bloqué la route nationale numéro 17 en ne laissant passer que les ambulances et les cas urgents. L'un des manifestants a expliqué, lors d'une déclaration aux médias, que les protestataires avaient observé la trêve du début de la semaine après avoir reçu une promesse concernant la venue d'une délégation ministérielle à Fernana. Selon l'intervenant, cet engagement n'a pas été respecté ce qui les a amenés à reprendre leur mouvement. Intervenant sur les ondes de la radio Shems FM, l'activiste au sein de la société civile de Fernana, Walid Ghazouani, a révélé les revendications exactes des protestataires qui réclament à ce qu'une réelle enquête soit menée en ce qui concerne la mort de Wissem Nassri (le jeune homme qui s'est immolé par le feu dans l'enceinte de la municipalité de la ville), que la veuve et les enfants du défunt soientt pris en charge par l'Etat, que les établissements administratifs de la ville soient purifiés de tous les aspects de la corruption et que tous ceux qui sont impliqués dans les dossiers de corruption soient jugés. Pour finir, Walid Ghazouani a insisté sur l'absence de tous les représentants de l'Etat ce qui, selon lui, contribué à l'amplification des tensions et des protestations. Tandis que la situation déborde à Fernana, les habitants de la ville de Makhtar (gouvernorat de Siliana) ont entamé, hier, une marche protestataire qui a démarré devant la municipalité de la ville. Avec la participation du député du bloc parlementaire du Front populaire, Jilani Hammami, et des membres de l'Union des chômeurs (UDC), la protestation a été suivie par un communiqué dont les signataires ont appelé le gouvernement à reprendre les travaux de construction de l'hôpital et à régulariser la situation professionnelle de certains ouvriers et employés de la région. Par ailleurs, les mêmes signataires ont dénoncé le laxisme des autorités à l'égard de Makthar et ont déploré l'exclusion sociale de la ville. Les différents analystes politiques et économiques assurent, depuis bien des mois, que la rentrée 2016-2017 sera difficile. Les protestations de Fernana et de Makthar viennent rappeler au nouveau gouvernement de Youssef Chahed que la tâche sera difficile à mener. Cela fait en effet cinq années que les revendications sociales s'entassent et que les habitants des régions intérieures ne cessent de faire monter les tensions dans le but d'attirer l'intention des différents gouvernements qui se sont succédés. A Fernana, on redoute déjà les dangers que pourraient provoquer les protestations puisque les hauteurs de la région sont connues pour abriter des groupes terroristes. Toutefois, l'argument sécuritaire ne peut plus convaincre les habitants qui vivent au bord du désespoir. En attendant, la présidence du gouvernement devrait se pencher sérieusement sur la question et tenter de mener un réel dialogue dans la ville en attendant que des propositions concrètes soient soumises à toutes les parties.