Avec l'avènement de l'année 1962, un vent de liberté s'était mis à souffler sur le continent africain. L'Algérie venait de recouvrer sa liberté après la libération des autres pays (Maghreb et Afrique subsaharienne). C'était l'ivresse des indépendances retrouvées. Une joie totale ou plutôt presque totale car l'Afrique de Sud pliait encore sous le joug d'une forme particulière de l'injustice, à savoir l'apartheid qui excluait des attributs de la dignité humaine les habitants de couleur. Une minorité de blancs y faisait la pluie et le beau temps, écartant (au sens physique, culturel et économique) leurs concitoyens noirs et mulâtres. Puis, un beau jour de février 1990, tombait le dernier mur qui maintenait, en dehors du circuit de l'humain, le peuple noir, après qu'il s'est défait de l'esclavage, et le mit au ban de l'histoire du colonialisme. Ce jour-là, le dernier président de l'apartheid en Afrique du Sud, Frederik de Klerk, annonçant la libération des prisonniers politiques dont Nelson Mandela. Dans les sphères racistes et colonialistes, on prévoyait qu'après cette journée historique qui se dressait en «un tournant de l'histoire sud-africaine», le pays serait à feu et à sang. On prédisait que le chaos économique s'y établirait pour de longues années. Que les violences tribales, notamment entre Bantous et Zoulous, s'accompagneraient de douloureux massacres interethniques, et que – fait d'une grande gravité – les Blancs qui détenaient les clés de l'économie partiraient en débandade après des pogroms qui en auraient décimé une bonne partie. Eh bien! de toutes ces funèbres prédictions, aucune ne s'est réalisée. La réconciliation nationale va bon train. L'économie du pays est en pointe dans le continent. Son insertion également dans le concert des nations est réussie, malgré quelques bémols au niveau du chômage et de la criminalité. Tout le mérite en revient à la personnalité de Mandela, homme de sagesse, d'honneur, de tolérance. Un exemple qui rayonne sur toute la planète.