C'est un changement capital dans le discours des insurgés : Kadhafi pourrait rester en Libye, sous certaines conditions, dans le cadre d'un règlement politique du conflit. Un revirement majeur des insurgés, premier pas peut-être vers un règlement politique du conflit civil en Libye. Le président du Conseil national de transition (CNT, instance dirigeante de la rébellion), a déclaré dans une interview dans le «Wall Street Journal» que Mouammar Kadhafi et sa famille pourraient rester dans le pays, à condition qu'il renonce au pouvoir. Le guide de la révolution «peut rester en Libye, mais cela sera assorti de conditions», a expliqué Moustafa Abdeldjeïl au journal. «Nous déciderons où il séjournera et qui le surveillera. Les mêmes conditions s'appliqueront à sa famille». La proposition du chef de l'insurrection a tout l'air d'un revirement majeur de sa part, car jusqu'alors, les rebelles insistaient pour que Kadhafi quitte le pays dans le cadre d'un règlement négocié. Ces propos du patron du CNT font suite à ceux du chef de la diplomatie française, qui allaient dans le même sens, mercredi dernier. «L'une des hypothèses qui est envisagée, c'est effectivement qu'il séjourne en Libye à une condition, c'est que très clairement il se mette à l'écart de la vie politique libyenne», avait dit Alain Juppé. Le ministre avait insisté sur le fait que le cessez-le-feu, pour mettre fin aux combats qui durent depuis cinq mois, passait «par un engagement formel et clair de Kadhafi de renoncer à ses responsabilités». Les Etats-Unis et l'Italie disent de leur côté que le colonel Kadhafi doit renoncer au pouvoir, mais que son sort reste à déterminer par le peuple libyen, ce qui préserve la possibilité de le voir rester dans son pays. Les déclarations du chef du CNT sont donc peut-être le signe que l'on tend vers un règlement politique du conflit. Les autorités de Tripoli n'ont pas réagi à ses déclarations. L'OTAN CONTINUE LES FRAPPES L'émissaire des Nations unies pour la Libye, Abdoul Elah al Khatib, a eu lundi des discussions avec les chefs de la rébellion à Benghazi, la grande ville de l'Est libyen dont ils ont fait leur capitale. Ils ont évoqué des idées générales susceptibles d'enclencher un processus politique conduisant à l'arrêt du conflit, mais aucun plan clair n'a été mentionné. L'émissaire a déclaré à Reuters après la rencontre qu'il se rendrait mardi à Tripoli pour sonder les points de vue des dirigeants libyens. Sa visite à Benghazi a eu lieu au lendemain de la fin de celle effectuée pendant trois jours au Caire par le ministre des Affaires étrangères de Kadhafi, Abdelati Obeïdi, pour tenter de trouver une issue négociée au conflit. Le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, a déclaré vendredi que des responsables libyens avaient eu un dialogue «fructueux» avec des émissaires américains en Tunisie ce mois-ci. Le régime du colonel Kadhafi a fait savoir d'ores et déjà qu'il était disposé à avoir d'autres discussions avec des représentants américains mais aussi avec les insurgés, ajoutant toutefois que le numéro un libyen ne négocierait pas personnellement et qu'il ne quitterait jamais le pouvoir. Alors que l'Otan continue ses frappes – deux lundi, dans le centre de Tripoli – l'issue politique n'est pas encore trouvée. source: France 24