Presque tout le monde sait que c'est Ennahdha, quasi exclusivement qui exigeait le maintien de Ben Jeddou à la tête du ministère de l'intérieur. Et tout le monde supposait pour quelles raisons, Ennahdha tenait absolument à garder « son » homme à la tête de ce département. D'un autre côté, presque tout le monde a cru comprendre que Mahdi Jomâa, aussi, a tenu, plus que tout au monde, à garder Ben Jeddou dans son cabinet. Il y a tellement tenu, au point qu'à un certain moment, il aurait même menacé de tout laisser tomber s'il n'obtenait pas gain de cause. Mais sur ce chapitre, précisément, aucun tunisien ne pourrait affirmer avoir entendu, en personne, Mehdi Jomâa faire ces exigences ou proférer ces menaces. Alors, qu'en est-il au juste ? Est-ce que Mehdi Jomâa tenait réellement, à ce point à avoir ben Jeddou comme ministre de l'intérieur au point de livrer le pays au chaos total s'il n'obtenait pas ce « caprice » ? Dans ce cas pourquoi l'avoir flanqué d'un secrétaire d'Etat, s'il était aussi costaud que tout le monde le prétendait ? On serait tenté de croire que cette nomination d'un secrétaire d'Etat aura été dictée par les partis de l'opposition, comme ultime recours en vue de limiter les pouvoir de Ben Jeddou. Oui, mais alors, dans ce cas, pourquoi, Jomâa qui semble avoir tellement confiance en Ben jeddou, aurait permis de désigner Ridha Sfar pour le seconder à la tête du ministère de l'intérieur ? Et est-ce que ce Sfar a été choisi par les partis de l'opposition ? Dans lequel cas, le hasard ferait tellement bien les choses, en faisant que l'opposition choisisse un mahdois, comme par hasard, originaire de la même ville que Mahdi Jomâa, et qui lui serait obligatoirement lié par des liens de voisinage et de confiance. Pourtant, à voir les choses sous cet angle, on dirait que c'est Mahdi Jomâa qui n'a nullement confiance en Ben Jeddou, mais qu'il était obligé de laisser entendre les déclarations qui lui avaient été attribuées, sous certaines pressions, et qu'il aurait, dans un souci de placer un homme à lui au ministère de l'intérieur, décidé de flanquer Ben Jeddou d'un proche à lui, fils de sa ville natale, et probablement voisin voire plus.