LE CAIRE (TAP) - L'armée égyptienne a accusé samedi le "mouvement du 6 avril", un groupe pro-démocratie qui a joué un rôle important dans la révolte contre le président Hosni Moubarak, de provoquer l'instabilité. C'est la première fois que le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige l'Egypte depuis le départ de M. Moubarak en février, met dans un communiqué aussi directement en cause une organisation pour les tensions politiques actuelles dans le pays. L'armée accuse le mouvement du 6 avril de "diviser le peuple et l'armée". Le CSFA appelle également "le peuple à la vigilance et à ne pas tomber dans le complot suspect visant à miner la stabilité de l'Egypte". Le mouvement du 6 avril, très actif sur Internet, réunit de manière informelle des jeunes militants pour la démocratie. Il avait largement contribué à initier la révolte contre M. Moubarak, qui avait débuté le 25 janvier. Le communiqué a été publié peu après que des centaines de personnes qui occupent la place Tahrir dans le centre du Caire se soient dirigées vers le ministère de la Défense, où siège le CSFA. La manifestation a été bloquée par des centaines d'hommes de la police militaire et par des véhicules blindés, a indiqué un responsable des services de sécurité. Des rassemblements ont lieu depuis deux semaines au Caire, mais également dans les grandes villes d'Alexandrie et de Suez, pour réclamer davantage de réformes et de sanctions contre les responsables du régime déchu. Le Premier ministre Essam Charaf a présenté jeudi une équipe gouvernementale largement renouvelée pour tenter de répondre aux demandes des manifestants, mais elle comprend toujours des personnalités liées à l'ère Moubarak.