On a assisté à un spectacle inhabituel ce mercredi 9 mars 2011 à l'UTICA. En effet, des chefs d'entreprise, la plupart des membres de l'Union tunisienne d'industrie, du commerce et de l'artisanat, ont organisé un sit-in aujourd'hui devant le siège de la centrale patronale à la Cité El Khadra. Comme nous l'avions déjà écrit , ils appellent à un renouveau du patronat; un renouveau qu'ils estiment impossible tant que le bureau exécutif actuel sera maintenu en place, et sachant aussi qu'on est à quelques mois du congrès, un moment décisif pour l'histoire de l'UTICA. Pendant que les chefs d'entreprise manifestaient, le Bureau exécutif contesté- improvisait une réunion d'urgence. Il faut souligner qu'un groupe pour le renouveau de l'UTICA, créé sur Facebook par les organisateurs du sit-in, a déjà recueilli plus de 900 membres. Rappelons que ce sit-in a été précédé par un autre, les 18 et 19 janvier 2011, ayant abouti à la démission de Hédi Djilani, ancien président de la centrale patronale. La veille du 14 janvier 2011, est né le mouvement pour le renouveau de l'UTICA, composé de présidents des chambres nationales, des membres des fédérations professionnelles et des chefs d'entreprise adhérents mais aussi non adhérents. Ce deuxième sit-in vise à faire pression sur le Bureau exécutif actuel afin de répondre aux demandes des chefs d'entreprise. On reproche à ces membres de n'être plus représentatifs de l'entreprenariat tunisien après la révolution. «Ils ont politisé l'UTICA. Nous voulons qu'ils répondent à nos demandes de mettre en place une nouvelle gouvernance au sein de l'Union. Des chefs d'entreprise qui n'ont jamais mis le pied à l'Union sont venus aujourd'hui pour plaider cela», affirme Khaled Fourati, chef d'entreprise. En fait, un communiqué commun entre le mouvement pour le renouveau de l'UTICA et le Bureau exécutif, en date du 10 février 2011, stipulait la création de six commissions indépendantes. Ces commissions ont trait à la préparation du congrès, la réécriture du statut mais aussi aux affaires économiques, aux affaires sociales, aux relations internationales et à la communication. Jusqu'à cette date, leur création est restée en suspens, surtout qu'elle limitera le pouvoir du Bureau exécutif. Pour les contestataires, ce même bureau manque de légitimité. «Nous avons un problème de représentativité. Les membres du Bureau exécutif n'ont plus de légitimité. Plus de 13 régions refusent déjà leurs bureaux régionaux. Nous demandons que les commissions soient opérationnelles et qu'elles soient composées de personnes indépendantes», revendique Abdelaziz Darghouth, chef d'entreprise. En clair, les manifestants veulent que la composition des commissions marque une rupture avec l'ancien système, et qu'elle intègre les différentes professions, réclamant l'unification du discours et l'émergence d'une nouvelle UTICA citoyenne. Par ailleurs, on reproche au Bureau exécutif de n'avoir pas représenté les chefs d'entreprise lors des troubles sociaux. «On a laissé toute la voie à l'UGTT. Le Bureau exécutif n'a pas cherché à négocier avec la centrale syndicale ni à régir positivement pour défendre ceux qu'il est sensé représenter», souligne Ridha Ben Abdessalem, chef d'entreprise. Une passivité qui a été perçue comme un manquement à la mission de l'UTICA, à savoir celle de défendre l'intérêt des entreprises. En attendant, les participants au sit-in revendiquent la mise en uvre des commissions pour la préparation immédiate du congrès de la centrale patronale. «Ceci permettra la mise en place d'un plan d'action pour les trois prochains mois et de donner le maximum de chance à la réussite du congrès», estime M. Darghouth.